Ce collectif autunois a été crée le 22 Octobre 2010 par des autunois qui sont des syndicalistes, des personnes oeuvrant socialement ou de simples citoyens.Le but de ce collectif est de ne plus laisser une poignée de nos dirigeants supprimer nos acquis sociaux.C'est aussi refuser de supprimer à court terme notre système de retraite par répartition et de le livrer à la capitalisation.

Bref, vous l'aurez compris, c'est un collectif de résistance au système capitaliste.

lundi 15 novembre 2010

Tous esclaves, tous esclaves,


Tous esclaves, tous esclaves, ouais, ouais, ouais !

Monsieur Cameron est, vraiment, un grand artiste.

Voyez plutôt le superbe doublé qu’il vient de nous exécuter : premièrement, travail gratuit pour les chômeurs. Ah la belle invention que voilà ! C’est vrai, ces chômeurs qui, à 75€ d’indemnités par semaine (d’après ma gazette), se roulent dans la paresse pour 4.000 balles par an, il était temps de leur trouver quelque chose à faire ! Et, divine surprise, il y a tant de travaux ‘d’intérêt général’ pour lesquels on manque de bras ! Et qu’on n’a pas les moyens de payer ! (Pourquoi ? Comment ? Ces questions sont, bien évidemment, au-dessus de la portée du gouvernement de Monsieur Cameron, parmi lesquels se trouvent pas moins de 18 millionnaires). Un mois de travail par an, sans supplément d’allocation, somme toute c’est presque un cadeau, vu que leur allocation correspond, grosso modo, à probablement 2 ou 3 mois de salaire, je trouve que Monsieur Cameron est encore bien généreux de ne pas leur demander de travailler davantage… Et quelle noblesse, de penser ainsi à occuper ces pauvres hères – il fallait l’entendre, avec son accent châtié de conservateur anglais très anglais et très conservateur, rappeler que ‘tous ceux qui sont capables de travailler ont le devoir de travailler’. Du grand art, je vous dis, Churchill et Jaurès réunis (mais rassurez-vous, cette objurgation ne vous concerne pas, camarades rentiers).

Deuxièmement, il supprime 490.000 postes dans la fonction publique sur les 5 prochaines années. Ca, c’est un homme qui sait se servir ! 490.000 nouveaux chômeurs, d’un coup (presque) d’un seul, au moins il ne manquera pas de cobayes pour tester son système !

Et tout ça pourquoi ? Parce-que-la-dette-publique. Refrain connu. Elle est quand même vachement pratique cette dette publique !

L’Etat emprunte, la belle affaire. Et il rembourse, encore mieux. Mais qui dit dette, dit aussi créanciers. Et pour ceux-ci, certes, ce n’est pas la crise ! J’aurais mauvais esprit, je pourrais imaginer que tout ça est concerté. Car enfin, comment se fait-il que dans nos pays exsangues, accablés par la crise au point de ne même plus trouver le moyen de subvenir aux besoins des plus pauvres d’entre nous, qui ne tirent de cette ‘crise’ que les inconvénients, et aucun de ses avantages, comment se fait-il, donc, qu’il s’y trouve des riches encore assez riches pour s’enrichir encore en prêtant (généreusement mais pas gracieusement) à des Etats auxquels ils seraient mieux inspirés de payer (gracieusement, cette fois-ci) les montants colossaux qu’ils leur doivent en impôts et en cotisations sociales, et qu’ils ont l’impudence de leur prêter ! Pourquoi parle-t-on toujours de la dette des Etats, et jamais de celle des millionnaires qui dirigent nos entreprises ? Peut-être parce que ce sont les mêmes qui dirigent aussi nos Etats, qui sait ?

Mais quel aveu, quand même… A l’instant même de créer un demi-million de nouveaux chômeurs, ce qu’on pouvait somme toute (quoique non sans quelque difficulté) admettre à la rigueur s’il était avéré que les postes en voie de suppression représentaient réellement des ‘travaux inutiles’, Monsieur Cameron trouve qu’on peut quand même encore trouver des tâches utiles à cette masse de chômeurs … à condition qu’ils travaillent pour rien.

Ainsi donc, l’intérêt général (mais qu’est-ce donc que l’intérêt général ?) justifierait que l’on fasse exécuter certaines tâches à des chômeurs, gratuitement, mais pas qu’on leur donne une rémunération pour cela , ni qu’on leur propose un emploi stable, ni qu’on maintienne à leur place ceux qui, présentement, exécutent ces mêmes tâches en tant que travailleurs rémunérés. L’intérêt général commande de transformer en esclaves des armées de travailleurs dont les emplois sont sacrifiés sur l’autel de la ‘compétitivité’ – c’est-à-dire du profit ! L’intérêt général, autant dire, c’est le profit.

J’entends d’ici les commentaires myopes de Café du Commerce – il faut bien que ces feignasses de chômeurs « méritent » les allocs qu’ils touchent à ne rien faire ! Alors que nous, n’est-ce-pas, on bosse, on n’est pas des tire-au-flanc ! Qu’ils prennent garde.

Attendez de voir les coups qui vont suivre. Déjà, en France, il se trouve des politiques qui trouvent l’idée intéressante. A quand leur débarquement sur le continent ? Et combien faudra-t-il de temps avant que les entreprises (de BTP, p.ex.) s’avisent que l’Etat leur fait une concurrence déloyale en envoyant des bataillons de main-d’œuvre gratuite pour l’entretien des routes ? Et qu’ils arrivent à arracher des contrats leur garantissant la mise à disposition de ces bataillons ? Et combien de temps faudra-t-il avant que n’importe quelle grosse entreprise ne se mette à pratiquer le chantage à la délocalisation avec, à la clé, la garantie de pouvoir utiliser cette main-d’œuvre nouveau style, « moderne » - pour sauver leur compétitivité, bien sûr.

Crise, dette publique, vieillissement : autant de faux prétextes, aux allures d’incontournables ‘faits objectifs’, derrière lesquels s’annonce la pire réaction que nous ayons jamais connue depuis l’avènement des fascismes. Car, nous le savons tous, tous les statuts de travail ‘spéciaux’ mis en œuvre pour répondre de manière ‘conjoncturelle’ à des problèmes d’emploi ‘spécifiques’ deviennent bien vite la forme normale du contrat de travail. C’est partout la même chose. Comme on dit en économie, la mauvaise monnaie chasse la bonne.

Un coup sur les retraites par-ci, sur les chômeurs par-là, sur les impôts partout : il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c’est partout, sous des angles d’attaque différents, la même stratégie qui se met en place : pas seulement nous renvoyer tous à un statut d’esclaves à peine nourris par notre travail. Mais, surtout, nous pénétrer de l’idée que nous ne ‘méritons’ de vivre qu’à ce prix.


De : rouge
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article110587

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire