« Anvers », un modèle pour le chef de l’État ? Une région où flambe la xénophobie, l’extrémisme de droite et le populisme mariés au libéralisme le plus effréné ? Un pays entraîné par ses vieux démons séparatistes ? Faute de pouvoir passer ses vacances avec le nouvel hôte du bureau ovale, après tout, cette destination convient à merveille au champion de la division des victimes de sa politique et d’un pays tout entier : jeunes contre vieux, Français contre immigrés, salariés contre sans-papiers... pour le plus grand profit de ces autres champions qui l’ont fait roi, les grands groupes du Medef et du CAC 40. On laissera ses images à celui qui est aussi président de l’UMP et n’a pu s’empêcher de reprendre son refrain favori, opposant cette fois ceux qui travaillent aux « assistés ». Cette rhétorique sonne le crin usé.
Le cœur n’y est pas ? Ou bien le président de la République n’a-t-il pas en ce moment un problème avec son pays et son peuple, en raison « des problèmes qu’on sait » ? La France n’est pas cette Belgique-là. Et c’est ce qui dérange tant les adeptes ultraréacs hexagonaux des tea parties d’outre-Atlantique ou de leurs émules européens. Leur réforme des retraites est précisément le précipité de la société dont ils rêvent et qu’ils veulent imposer, de force plutôt que de gré. Là réside, entre autres, l’acharnement à ne rien lâcher « à la rue ». Et pourtant, ils marchent, ces Français, par centaines de milliers.
Et nous remettrons ça demain, samedi 6 novembre... Dans un sondage que publie cette semaine l’Humanité Dimanche, on découvre qu’une majorité se prononce pour que la gauche garantisse les retraites à soixante ans à taux plein ; qu’elle supprime les exonérations de cotisations sociales ; qu’elle revienne sur le changement de statut de La Poste ; et qu’elle fixe les prix de l’immobilier ! Au moment où le PDG du groupe de luxe de LVMH, qui n’a rien à envier à une Liliane Bettencourt, avoue crûment qu’il a, entre autres, acheté un gros paquet d’actions d’un concurrent pour échapper à l’impôt sur les sociétés, voilà un résumé de ce qui grandit dans le mouvement en cours et qui ajoute à son caractère inédit. Il y a ceux qui cassent l’emploi et le travail pour gonfler leurs profits, minant au passage les comptes de la Sécu. Et il y a celles et ceux, de tous âges, de tous horizons, qui ne supportent pas l’injustice, l’inégalité, la brutalité de ce régime et de ses projets. De nouvelles exigences s’esquissent qui ne sont pas prêtes de s’étouffer. Elles ne demandent qu’à trouver du répondant.
On laissera ses images à celui qui est aussi président de l’UMP et n’a pu s’empêcher de reprendre son refrain, qui s’use.
Editorial Par Michel Guilloux
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