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Il ne se passe rien, et c’est un évènement médiatique de première importance. La tension était grande dimanche, et entre le perron de l’Elysée et celui de Matignon, la Grande Caravane Publicitaire qui Nous Informe était tiraillée. Qui se cache donc dans cette voiture noire aux vitres teintées ? Le centre est-il marginalisé ? L’ouverture est-elle fermée ? Il ne se passe rien, et on vous le chante sur tous les airs.
Pendant ce temps, quelques anecdotes sans relief déroulent leur banalité sans faire de bruit : l’occupation de l’Irak et de la Palestine, la guerre en Afghanistan, des grèves sans importance, des manifestations sans objet, des banquiers qui vous ruinent, des escrocs qui vous vendent l’idée de votre ruine, et le Capital qui vous mijote une alternance en cas de besoin, dans les cuisines du FMI.
Il ne se passe rien, c’est-à-dire que les réformes vont se poursuivre et l’idée même d’avenir vous paraître inéluctablement plus inepte que jamais. Il ne se passe rien, que des virages à droite, et quand on tourne à droite c’est que tout va bien, c’est dans l’ordre des choses, parfaitement naturel : il ne se passe rien, il ne se passera rien et il serait même utile qu’il ne se soit jamais rien passé.
Ils se remanient, ils vous sondent, ils s’en gargarisent, et ils glosent, ils sont quelque chose et vous n’y pouvez rien, puisqu’il ne se passe rien. Ils disent que tout est dit, écrivent que tout est écrit, et qu’en 2012 on vous demandera votre avis. Il paraît qu’en 2012, il se passera quelque chose.
Entretemps, les fins de mois seront ce qu’elles seront, de même que les chiffres du chômage, et puis des courbes nous plongeront dans les profondeurs, et les commentateurs trouveront les mots pour nous adapter aux courbes, et si toutefois nous rechignons aux courbures, cela serait insignifiant, puisqu’il ne se passera rien.
Il ne se passe rien, et c’est un événement médiatique de première importance, qui surpasse la réalité. La réalité dit : « c’est l’heure de l’mettre !». L’écho remanié du pouvoir répond qu’il ne se passera rien. Il nous trompe.
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