Ce collectif autunois a été crée le 22 Octobre 2010 par des autunois qui sont des syndicalistes, des personnes oeuvrant socialement ou de simples citoyens.Le but de ce collectif est de ne plus laisser une poignée de nos dirigeants supprimer nos acquis sociaux.C'est aussi refuser de supprimer à court terme notre système de retraite par répartition et de le livrer à la capitalisation.

Bref, vous l'aurez compris, c'est un collectif de résistance au système capitaliste.

mardi 30 novembre 2010

Sarkozy avait évoqué un engagement en Irak, selon WikiLeaks


PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy avait confié à des responsables américains en 2006, avant son élection à l'Elysée, qu'il pourrait "peut-être" envoyer des soldats français en Irak dans le cadre d'une force internationale, selon un télégramme diplomatique diffusé par WikiLeaks et publié mardi soir sur le site internet du quotidien Le Monde.

Lors d'une visite à Paris du ministre américain de la Justice du président George W. Bush, Alberto Gonzalez, "Sarkozy a déclaré que la France et la communauté internationale allaient devoir aider les Etats-Unis à résoudre la situation en Irak. Peut-être en remplaçant l'armée américaine par une force internationale", écrivait alors l'ambassadeur des Etats-Unis à Paris.

Les diplomates américains présentent dans leurs télégrammes Nicolas Sarkozy comme le président français "le plus pro-américain depuis la Seconde Guerre mondiale", dont ils saluent "le libéralisme, l'atlantisme et le communautarisme".

Ils précisent que Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac, avait déclaré dès le 1er août 2005 aux Américains qu'il serait candidat à la présidentielle de 2007, seize mois avant qu'il ne l'annonce au peuple français.

Après l'élection de ce candidat "instinctivement pro-américain et pro-israélien" à l'Elysée, l'ambassade note que "l'héritage juif de Sarkozy et son affinité pour Israël sont célèbres" et ajoute qu'il vient de nommer au Quai d'Orsay Bernard Kouchner, "le premier ministre des Affaires étrangères juif de la Ve République".

D'autres télégrammes diplomatiques américains affirment que "personne ne peut dire non" au président français, d'autres évoquent son "mauvais caractère" et le décrivent comme "frénétique" ou "impulsif".

Guy Kerivel pour le service français

http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE6AT11A20101130

Les petits ruisseaux


Par Agnès Maillard le lundi 29 novembre 2010

À moment donné, ils ont compris. Ils ont compris qu’il n’y avait rien à attendre des autres, des relais habituels. Ils ont compris qu’ils allaient devoir prendre leur destin en main.


Alors, le plus simplement du monde, ils ont décidé de se réunir. Et d’inviter toutes les personnes de bonne volonté à les rejoindre. Je crois qu’ils ont été déçus, quelque part, quand ils se sont retrouvés à une petite douzaine dans une grande salle encombrée de chaises vides. Ils devaient être quelque peu désappointés, mais n’en ont rien laissé paraître et ont commencé à discuter avec ceux qui avait fait l’effort de venir, un vendredi soir un peu frileux, quelque part au milieu de nulle part. Poser quelques constats amers, ouvrir les vannes de la colère, se laisser porter par l’émotion, par la nécessité absolue de faire quelque chose, par l’envie irrépressible « d’en être ».

Faire. En être. Retrouver le goût de l’action. Semer les germes de la résistance. À tout prix.

Tout le monde n’est pas d’accord sur tout, mais personne ne se laisse distraire par les points de divergence, on se concentre sur la formidable impulsion que nous voulons tous donner au mouvement. Malgré tout. Malgré la déception des derniers jours, malgré les petits matins qui déchantent, malgré les petites lâchetés et les grandes trahisons, malgré le sentiment d’impuissance, immense, tenace, omniprésent, qui nous talonne, chaque jour.

C’est décidé : le 23, on relocalise la lutte, on appelle à manifester au bled, là, comme ça, sans rien d’autre que notre détermination et nos convictions. Pas de syndicat, pas de leader politique, juste des citoyens qui ont décidé de ne pas lâcher le morceau. Envers et contre tout. Bien que tout semble perdu. Parce que tout semble perdu.

Relocalisation de la lutte

Il fait froid et moche en ce mardi matin, mais pas aussi moche que la météo l’avait prédit. Pendant le WE, j’ai fait passer l’info de notre petite manif à nous tous seuls dans les relais alters nationaux. C’est marrant, l’intersyndicale, de son côté, en parle le moins possible de cette journée d’action. Comme si elle avait peur que ça marche quand même. D’ailleurs, pour le Gers, nous sommes la seule manifestation répertoriée. Je sais, par la bande, qu’il y a une « retraite aux flambeaux » prévue le soir même au bled en chef, mais presque personne n’est au courant. Chut... il ne faudrait pas que ça se sache ou que l’on dérange qui que ce soit. Un peu plus tôt dans la matinée, j’ai encore accroché 2, 3 potes par mail, ainsi que @les2terres, un twittos encore plus enragé que moi, qui préfère venir à notre sauterie improvisée au milieu de nulle part que d’assister à l’enterrement en petite pompe du mouvement de contestation, tel qu’il est honteusement mis en scène par les syndicats dans les grandes villes.

Même les militants encartés n’ont pas été prévenus des actions de la dernière journée de lutte. Parce qu’il est important qu’il n’y ait plus personne dans les rues, plus personne pour gueuler, plus personne pour s’insurger contre les saloperies qui nous sont faites, jour après jour. Les gens auront mal au cul, mais chez eux, en en régurgitant leur impuissance sur leur canapé. C’est clairement l’idée. Mais ce n’est pas la nôtre.

Cela dit, je suis une femme de peu de foi. J’ai déjà prévenu mon cyberpote que si on se retrouve les 15 gus habituels abonnés à toutes les manifs devant les arènes, on sera déjà bien contents. D’ailleurs, pendant que je m’approche du lieu de rendez-vous à grandes enjambées enjouées, c’est à peu près tout ce que le correspondant de Sud-Ouest a à photographier. Petit pincement au cœur. Vite balayé par la joie de retrouver quelques trognes familières.

Et puis, au bout de la place, un petit groupe qui s’accroche autour d’une pancarte. Il manque du monde. Les organisateurs se font attendre... J’avais oublié le fameux quart d’heure gascon, d’une ponctualité irréprochable. Et les voilà qui arrivent de partout. Les habitués, les copains, et puis les autres. Tous les autres. Mêmes les jeunes. Mes gamins du lycée, fidèles au poste.

Nous n’étions qu’une poignée, nous voilà une petite foule. Réjouie. Et fière de se compter si nombreuse. 70. 80. Peut-être plus. Gérard, le prof de math, en trouvera 113. 113, pour un bled de 2000 habitants ! Probablement le plus fort taux de mobilisation de toute la France. En partant de rien. En n’étant personne. Juste quelques citoyens qui, dans l’adversité, alors que jamais le rouleau compresseur que nous combattons n’a été aussi puissant, aussi intransigeant, quelques citoyens qui n’ont pu se résigner et qui ont su cultiver l’esprit de résistance.

Recréer l’imaginaire démocratique

Quel drôle de cortège avons-nous formé. Pas de grands cris, pas de musique assourdissante, pas de pancartes ou de banderoles. Juste une petite foule compacte qui fait le tour du bled, fièrement, vivement, tout en discutant abondamment. C’est fou ce qu’on a pu discuter, tous ensemble. Confronter nos idées, nos envies, nos projets. Nous engueuler, aussi, et tout évacuer d’un grand rire satisfait. Je navigue un peu, je renifle cette bonne atmosphère citoyenne. Je chemine un moment avec le vice-président du conseil général. Un bien beau cortège, trouve-t-il. Et une belle énergie. Je trouve aussi. Une belle énergie. Un bel élan démocratique. Quelque chose de dense, de solide, de précieux et de vivant. Imprévisible, mais tellement porteur d’espoir.

On ne se disperse pas à la fin de la marche. On discute par petits groupes, puis on se retrouve une bonne quarantaine à investir la salle d’animation, un peu plus douillette que le pavé. Pour une prise de parole citoyenne. Annoncer les dernières avanies de notre gouvernement antisocial. Répondre aux questions, nombreuses. Démonter les argumentaires des médias qui n’ont eu de cesse de présenter toutes les régressions sociales en cours comme des réformes nécessaires. Démontrer systématiquement que nous sommes au cœur d’une guerre idéologique totale dans laquelle le camp d’en face ne compte pas faire de prisonniers.

"Mais au final, ça sert à quoi, tout ça ? On sert à quoi, ici, à manifester ? Ça ne marche pas."

Je la retrouve bien là, la leader syndicale du lycée, avec ses doutes et ses questions. Mais cette fois-ci, je ne suis plus la seule à pouvoir répondre, face à son désarroi, son inquiétude et son profond sentiment d’impuissance. Tout est là ! Nous sommes là ! Nous parlons, nous échangeons, nous rêvons à voie haute, nous partageons nos peurs, nos espérances. Et rien que cela, ça change tout.

Agnès Maillard

http://blog.monolecte.fr/post/2010/11/29/Les-petits-ruisseaux

L’état français saisit (discrètement) le Fonds de Réserve des Retraites

mardi 30 novembre 2010 (09h50)

Selon cet article de Financial News et le The Wall Street Journal, le Fonds de Réserve des Retraites a été intégralement versé au crédit de la CADES et continuera de gérer cet argent, de loin, en tant que tierce partie, pour la CADES. Ce qui fait tout de même 36 milliards d’euros qui disparaissent du FRR pour venir boucher une partie d’un trou.

En gros, on utilise des fonds destinés à la gestion de long terme pour remplir des gros trous et des gentils déficits de court terme. Ça ressemble à s’y méprendre à la récente ponction par le gouvernement irlandais des 24 milliards d’euros du National Pension Reserve Fund pour alimenter le programme budgétaire courant.

Tout ceci, dans la plus parfaite opacité (s’pa, m’sieur Baroin) que la presse s’est d’ailleurs entretenue à conserver.

L’étape suivante, pendant que l’écart des taux entre le Bund allemand et les Bons français ne cesse de grossir, c’est probablement les petits sommes rondelettes mises de côté par le citoyen lambda sur ses comptes épargnes, livret A et compagnie.

Évidemment, ce ne sera pas présenté comme ça.

http://inventerre.canalblog.com/archives/2010/11/30/19742493.html

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article111189 

lundi 29 novembre 2010

Les Restos du Cœur lancent leur 26e campagne


Plus de 25 ans après l'idée lancée par l'humoriste Coluche, les Restos du coeur disent avoir de plus en plus de bouches à nourrir pour leur 26e campagne d'hiver, complétant une présence tout au long de l'année.

Prévue au départ pour durer un an, l'initiative de Coluche en faveur des plus démunis s'est avérée indispensable dans un monde où persiste et, parfois, s'aggrave la précarité. En 2009-2010, les Restos du coeur, dont la campagne d'hiver a débuté ce lundi, ont accueilli 830.000 personnes - soit une hausse de 20% en deux ans - et distribué 103 millions de repas. Cette aide s'ajoute à celle d'autres associations, comme la Banque alimentaire qui a organisé une collecte nationale ce week-end dans les supermarchés. Près de 12.000 tonnes de denrées, soit 24 millions de repas, ont été collectées à cette occasion, une hausse de 7 à 8% par rapport à 2009. Les Restos du coeur, qui disposent aujourd'hui de 58.000 bénévoles, contre 4.500 à leurs débuts, maillent tout le territoire.

Pour la campagne 2010-2011, ils insistent sur "la nécessité absolue" de "sauver l'aide européenne, menacée, selon eux, dans la perspective de la réforme de la Politique agricole commune (PAC) pour 2013. Depuis 1987, le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) reste le "seul élément de la politique sociale sur notre continent en offrant une aide aux 80 millions d'Européens vivant en dessous du seuil de pauvreté", disent-ils dans un communiqué. L'association redoute également une éventuelle réduction de l'aide complémentaire du gouvernement français alors que s'installe la crise économique, parallèlement à une remontée des cours des matières premières.

L'objet des Restos du coeur n'est pas seulement de distribuer des repas mais aussi de favoriser le retour à l'emploi. Ainsi, 93 chantiers d'insertion (ACI) de l'association construisent des parcours de retour dans la vie active de 1.350 personnes en contrats aidés.

Cette année, les associations caritatives soulignent que la solitude et l'exclusion tuent autant que la pauvreté. On estime à 100.000 le nombre de personnes sans domicile fixe en France. Selon le collectif Morts dans la rue, 270 d'entre eux sont décédés depuis le début de cette année.

http://www.humanite.fr/29_11_2010-les-restos-du-cœur-lancent-leur-26e-campagne-458802

Vingt-cinq ans après, les Restos au cœur de la crise

Lors du lancement de sa 25e campagne d’hiver, l’association a fermement interpellé l’État sur le montant des aides, au versement incertain. D’autant que la fréquentation des centres, déjà en hausse de 15 % l’an dernier, s’annonce record.

Du lait deuxième âge, des haricots verts, du savon et un ballet politico-médiatique. Le centre de distribution d’Alleray (Paris 15e), ancien local de La Poste, qui accueillait hier le lancement de la 25e campagne des Restos du cœur, était noir de monde. Et pour cause.

L’heure, en effet, est à l’inquiétude. Si chaque nouvelle campagne des Restos amène les observateurs à disserter sur « cette année de trop », aujourd’hui, Olivier Berthe, leur président, s’interroge sur l’avenir. Au moment où le besoin d’aide a crû autant que les prix des produits alimentaires et où les budgets publics décroissent. En 2010, l’enveloppe européenne dédiée aux associations devrait baisser de 3 millions d’euros et rien ne dit que l’aide exceptionnelle de 10 millions d’euros, débloquée par le gouvernement en 2009, sera reconduite dans son intégralité. Pourtant, à la fin de l’hiver dernier, les Restos du cœur avaient distribué 100 millions de repas. Soit 14 % de fréquentation supplémentaire.

L’aide exceptionnelle sera-t-elle reconduite ?

« Le besoin d’aide n’a jamais été aussi important, insiste le président des Restos. Pendant l’été, la moitié de nos centres ont continué à tourner. Nous attendons des décisions politiques. Il n’a pas fallu longtemps pour débloquer des millions pour les banques, nous attendons le même égard pour les plus démunis. » Olivier Berthe rappelle au passage que les associations ne peuvent en aucun cas se substituer aux pouvoirs publics. Représentés hier par Benoist Apparu, le secrétaire d’État au Logement, ces derniers n’ont pas manqué d’être fermement interpellés par l’association. Mais aussi par les responsables politiques. « En ne reconduisant pas les aides, a prévenu Anne Hidalgo, première adjointe (PS) au maire de Paris, le gouvernement montrerait qu’il ne prend pas en compte la dégradation de la situation économique et sociale de ce pays. Et ce, alors qu’il continue à s’entêter avec une politique fiscale injuste qui sert les 5 % de la population qui en ont le moins besoin. »

Les associations reçues lundi prochain

De son côté, Benoist Apparu a affirmé que l’État accompagnerait « le financement de l’augmentation des besoins de l’aide alimentaire », précisant qu’il fallait évaluer « la bonne jauge » de ce financement. Une réunion sur le sujet est prévue lundi prochain au ministère, avec, outre les Restos du cœur, les banques alimentaires, le Secours populaire français et la Croix-Rouge.

Lina Sankari

Restos du cœur, « Je l’ai servie, elle a pleuré »

Les Restos voient affluer de nouvelles catégories de populations qui acceptent mal de solliciter une aide. Paroles de bénévoles.

Ils sont le cœur du système. Disponibles, parfois tous les jours, depuis trois, cinq ou dix ans, dans la maison de Coluche. Mais peu diserts. Pour Daniel, Ginette et Martine, les mots ne viennent pas aussi facilement que les actes. Bénévoles au centre d’Alleray des Restos du cœur, ils disent avoir vu de nouveaux profils taper à la porte.

« Beaucoup de jeunes désormais, des gens de la classe moyenne qui travaillent et avaient auparavant les moyens de régler leur loyer et de se nourrir. À présent, ils doivent faire un choix », témoigne Daniel, dont le nom a été rapidement inscrit sur un badge pour faciliter le contact. « L’an dernier, une retraitée s’est effondrée en larmes lorsque je l’ai servie », raconte Martine, comme pour mieux dire la difficulté de solliciter une aide que certains ne pensaient jamais devoir demander. « Elle avait honte, se sentait mal. Alors, on essaie de leur sourire, de leur parler, de les détendre. Et, parfois, on leur propose de prendre un café dehors. »

Souvent, orientés par les assistants sociaux de la mairie, ces nouveaux bénéficiaires de l’aide alimentaire sont perdus dans des centres de distribution qui peuvent sembler immenses. D’autant que la distribution de colis ne facilite pas toujours l’échange. Il faut faire vite et la demande est importante (+ 20 % d’inscriptions pour ce seul centre). « C’est pour cela qu’on essaie de les accompagner d’un bout à l’autre de la chaîne, de créer des rapports humains qui ne se résument pas à cet échange de colis. »

L.S.

http://www.humanite.fr/node/14234 

Fermer la télé et ouvrir les yeux

Par Agnès Maillard 

 Ce jour-là, Papi déboule entre consternation et incrédulité, en agitant Le Monde du jour comme un étendard.



Papi est à la retraite depuis bien plus d'années que je ne pourrai espérer en valider pour ma retraite fantôme. Même si sa jeunesse a été marquée par la guerre, sa vie d'adulte a largement rattrapé le coup et il fait partie de cette génération de fonctionnaires qui ont eu le droit au meilleur des trente glorieuses et qu'une retraite plus confortable que le meilleur des salaires que je pourrais espérer de toute ma vie a protégé des affres de la précarité, du chômage et de la crise qui sont le lot quotidien et le seul avenir de tous ceux qui sont nés depuis le choc pétrolier de 1974. Ce retrait de la vie active ne l'empêche nullement de s'intéresser au reste du monde, aussi consomme-t-il quotidiennement plusieurs grands titres de la PQN et les grandes messes télévisées biquotidiennes. Autant dire qu'il se construit en permanence un avis éclairé sur tout et qu'il nous l'assène volontiers du haut de son piédestal d'expérience, de compétence et de clairvoyance.

Quand on en vient à parler politique ou économie, il balaie régulièrement nos arguments de jeunes (et pourtant, on est de moins en moins jeunes, justement) gauchistes idéalistes immatures par des références bien senties au texte d'untel dans Le Nouvel Obs ou à l'intervention quelconque d'un éditocrate au débat télévisé de la veille. Les médias sont le cordon ombilical qui le relie au monde et le rendent infaillible et omniscient. Parce que les médias ont toujours raison, sont les témoins du monde et le siège de toutes les expertises.
Enfin, jusqu'à ce fameux article, relatant le développement historique d'un quartier de la métropole où il œuvrait de son temps.
"En fait, c'est machin qui lancé le projet et c'était pour faire telle action, financée de telle manière et pas du tout ce que raconte... c'est qui, celui qui a écrit ça ?"
Papi est fumasse. Il veut écrire un rectificatif au journal. Il veut même contacter un ancien collègue qui doit couler, lui aussi, une retraite heureuse et sans autres soucis que les vieux jours qui passent et la santé qui se débine lentement.
"C'est marrant, Papi, quand ça tombe sur votre domaine d'expertise, vous voyez à quel point la presse est faite d'approximations, de semi-vérité, d'erreurs et de préjugés idéologiques. Alors que l'autre jour, quand j'ai critiqué un papier qui racontait absolument n'importe quoi sur mon propre domaine d'expertise, vous aviez clairement dit que c'est moi qui avait tort, que je comprenais mal et que je n'avais pas le même niveau que les gens qui avaient le droit d'écrire dans un journal de référence."
"Oui, mais bon, là, c'est flagrant. C'est ce journaliste qui est incompétent."
"Non, il est juste journaliste : il doit torcher vite fait son papier sur un sujet dont il ne peut être spécialiste. Produire vite pour rentabiliser, ne pas perdre de temps à vérifier et encore moins à démentir. Juste cracher de la copie, faire du chiffre : le problème de la presse, c'est qu'elle n'a peut-être plus les mêmes objectifs qu'avant. Ni les mêmes ambitions."


Papi laissera tomber le rectificatif. Et cet éclair d'esprit critique ne se renouvellera plus. De manière assez incompréhensible pour quelqu'un qui s'estime cultivé et averti, il considérera le ratage de cet article comme un épiphénomène et non comme le début d'une remise en question de la validité de l'information qui lui est servie chaque jour. Nourri par les médias de masse dont les discours et les choix éditoriaux sont chaque jour plus convergents, il continue à leur faire une confiance aveugle et à ne jamais s'interroger sur la manière dont l'information qu'il consomme chaque jour est produite, avec quels moyens et quels objectifs. Comme beaucoup de monde. Comme la plupart des gens.

Et encore, Papi lit aussi la presse. Mais combien de nos concitoyens se contentent de la fenêtre qui leur est complaisamment ouverte par la télévision, cette drôle de boîte qui débite sans cesse des bruits et des images, un brouhaha de fond, un flux médiatique que l'on écoute à peine et qu'on éteint de moins en moins?
Comme Papi, la plupart d'entre eux ont déjà pu expérimenter l'étrange dissonance qu'il peut y avoir entre le monde tel qu'il est montré à la télé et celui dans lequel ils vivent au quotidien. Et pourtant, la plupart du temps, ils choisissent plutôt de nier ce qu'ils voient à leur porte, dans leur entreprise, dans leur famille, chez leurs amis, plutôt que de renoncer en leur foi aveugle dans la télé-vérité.

À tel point que la télévision est devenue autoprédictive.
Il suffit qu'elle annonce que les gens agissent de telle sorte pour que les spectateurs se sentent obligés de s'y plier, par esprit de conformisme, par goût de la mode, pour ne pas être des mensonges vivants. La télévision déroule sans fin sa vision du monde, de la société, de la vie et cela devient une vérité indépassable, quelque chose de l'ordre de l'inconscient collectif des foules, quelque chose de si profondément ancré dans la substance même des spectateurs que de remettre en question les dogmes assénés par les acteurs du grand théâtre médiatique reviendrait, quelque part, à déposséder les spectateurs de leur identité profonde, de leurs motivations, de leurs fois, de leur raison de vivre, quelque chose de l'ordre de l'amputation obscène.

Dès les premiers moments de la contestation contre les retraites, les médias n'ont cessé de rabâcher deux choses :
que la réforme était obligatoire, nécessaire et indépassable et que tout le monde le savait!
que le mouvement de protestation était faible, qu'il ne gênait personne et qu'il était déjà en déclin.

Quelles qu'aient été nos démonstrations chiffrées ou nos explications patientes et argumentées, la croyance populaire en un problème des retraites et en l'absolue nécessité d'une réforme n'a jamais été battue en brèche. Jusque dans les rangs des manifestants, au cœur même des appareils syndicaux, des opposants, la majorité des gens étaient intimement convaincus que même si cette réforme était une injustice flagrante, une félonie et un détournement de l'argent du peuple, il fallait tout de même une réforme, juste une autre réforme. Mais le principe même de la construction patiente et volontaire d'un problème des retraites pouvant, ensuite, justifier la liquidation partielle (puis totale) du système, ce principe-là, n'a pratiquement jamais été remis en cause.

Pourtant, au même moment, grève après grève, manifestations après manifestation, chacun pouvait constater de lui-même l'ampleur de la contestation, la détermination des manifestants, les effets tangibles du blocus pétrolier. Il suffisait de sortir, d'aller à son travail, d'aller battre le pavé, de vouloir même juste se balader pour voir à quel point la réalité de la rue, de la vie quotidienne était différente de ce qu'annonçaient les médias. Mais non. Comme par un étrange processus hypnotique, les gens rentraient chez eux le soir et découvraient ce que leurs sens auraient dû percevoir pendant la journée et, tout simplement, faisaient leur cette réalité sur petit écran.

Chaque journée de mobilisation a amené encore plus de gens dans les rues et pourtant, chaque soir, le peuple s'est entendu dire que la contestation stagnait, marquait le pas ou refluait. Jusqu'au point où ils ont renoncé à exprimer leur colère, où ils ont décidé de rester à la maison. Car il y avait beaucoup d'absents, dans les rues, la dernière fois. Beaucoup de renonciations. Parce qu'on leur a dit que c'était fini, que c'était plié, bien des gens que j'avais croisés avant, qui avaient posé leur préavis de grève, qui s'apprêtaient à venir, une fois de plus, faire entendre leur voix, beaucoup de ces gens que j'attendais ont juste laissé tomber. Comme ça. Un peu au dernier moment. Parce que cela faisait déjà quelques jours que la télévision susurrait en boucle qu'il n'y aurait personne, que c'était fini, qu'on avait perdu.

Alors, ils ont réalisé la prédiction médiatique et ils sont restés chez eux.

Ils n'ont donc pas vu les piquets de grève un peu partout, tout le temps, les blocages en pleine nuit, les assemblées générales citoyennes en plein air, les panneaux des autres, la combativité de tous, les caisses de grève, les soupes partagées, les casse-croûte improvisés. Ils n'ont rien vu, parce qu'on ne leur a rien montré. Comme si cette réalité-là n'existait pas. Pas plus que les commentaires étrangers, les messages de soutien, les grèves solidaires ailleurs, en Europe. Et même alors, ils n'ont pas cru ce qu'ils voyaient.

Ils pourraient aussi bien s'arracher les yeux, pour ce qu'ils leur servent, et se greffer des écrans à la place.
Ils pourraient aussi bien s'arracher les oreilles, puisqu'ils n'entendent plus les conversations avec leurs semblables, seulement les discours, seulement la propagande.
Ils pourraient aussi bien se couper la langue, parce qu'elle n'a plus rien à dire que les médias n'ont pas déjà raconté et mis en musique.

En finir avec les acquis sociaux des peuples européens


DSK, c’est ça…

Pauvre Irlande ! « Des prêts d’un montant global de 80 à 90 milliards d’euros devraient être accordés par le Fonds européen de stabilité financière (créé en mai 2010 lors de la crise de la dette publique grecque) et par le FMI, récapitule l’excellent article du blog de Gérard Filoche consacré à feu le « tigre celtique ». (…) Le prêt accordé à la Grèce était du même ordre de grandeur : 110 milliards d’euros. Sa réalisation sera, comme pour la Grèce, échelonnée sur 3 ans et les tranches ne seront débloquées que si l’Irlande applique le plan d’austérité dont les modalités viennent d’être fixées par l’accord conclu entre le gouvernement irlandais, l’Union européenne et le FMI.

Aux termes de cet accord, l’Irlande devra réduire de 24 750 le nombre de ses fonctionnaires (l’équivalent de 350 000 en France) ainsi que leurs salaires. Le salaire minimum irlandais devra lui aussi baisser. Et pas qu’un peu, puisqu’il passera de 8,65 euros de l’heure à 7,65, soit une baisse de plus de 11%. Des coupes claires devront être réalisées dans les dépenses publiques de santé, les allocations chômages, les allocations familiales pour atteindre 2,8 milliards d’euro en 2014. Le taux de la TVA (l’impôt le plus injuste) augmentera de 21 à 23%. Une taxe foncière sera instaurée et la moitié de la population active (la moins aisée) qui ne payait pas d’impôt sur le revenu sera imposée.

Par contre, le taux dérisoire (12,5%) de l’impôt sur les sociétés, ne sera pas revu à la hausse. » Et tout ça pour quelle raison ? Autrement dit, comment expliquer l’actuelle dette publique de l’Irlande ? « Le déficit était nul en 2007. En 2008 il atteignait 7,3% du PIB et 14,4% en 2009. En 2010, il culmine à 32%. Ces 32% de déficit proviennent (comme dans tous les autres pays européens) de la baisse des recettes fiscales mais surtout des sommes colossales versées par l’Etat irlandais pour sauver les banques privées irlandaises. Les 17,7 points supplémentaires du déficit de 2010 viennent d’un nouveau plan de financement des banques, plombées par la crise et l’éclatement d’une bulle immobilière.

Au total, en trois ans, l’Etat irlandais a injecté 77 milliards d’euros pour remettre à flot ce secteur (à peu près le montant du prêt de l’UE et du FMI) : 46 milliards de fonds propres et le rachat de 31 milliards d’euros d’actifs risqués. Mais personne ne sait quel sera le coût définitif du sauvetage des banques tant leurs bilans recèlent d’ «actifs pourris», de créances irrécouvrables. » Les auteurs de l’article, Jean-Jacques Chavigné (journaliste de la revue Démocratie & socialisme) et Gérard Filoche (rédacteur en chef de ce même titre), posent ensuite quatre questions très pertinentes : « Mais pourquoi les salariés irlandais devraient-ils subir un nouveau plan d’austérité en contrepartie des prêts de l’Union européenne et du FMI ? Ils ne sont pour rien dans la crise 2008-2009. Ils ne sont pour rien, non plus, dans la crise bancaire qui ressurgit. Pourquoi les banques irlandaises ne sont-elles pas nationalisées sans espoir de retour et non pas, comme en ont l’habitude les néolibéraux, dans le but de nationaliser les pertes et de privatiser les bénéfices dès que les banques redeviennent rentables[1] ? Pourquoi ceux qui se sont considérablement enrichis pendant les cinq années qui ont précédé la crise ne sont-ils pas mis à contribution ? Pourquoi l’Union européenne et le FMI s’obstinent-ils à imposer à l’Irlande une politique identique à celle qui l’a amenée dans une telle impasse ? »

La réponse à ces questions se trouve dans le deuxième paragraphe de l’article : « Les dirigeants néolibéraux de l’Union européenne ont décidé d’utiliser la dette publique comme un levier pour en finir avec les acquis sociaux des peuples européens. Ils appellent ça «la pédagogie de la dette». Les responsables de la crise, les banques, les spéculateurs pourront tranquillement continuer à spéculer et à préparer ainsi la prochaine crise financière. C’est ce qu’ils ont fait en Grèce où l’Union Européenne et le FMI ont mis un «plan d’aide à la Grèce» qui soutient la Grèce comme la corde soutient le pendu. Un «plan d’aide» qui s’attaque aux acquis sociaux des salariés grecs et livre les services publics aux multinationales. » Bis repetita donc avec l’Irlande.

En attendant le Portugal. Et chez nous aussi, l’austérité est à l’œuvre, imposée par la droite antisociale au pouvoir. Les étudiants britanniques ont remis le couvert de la manifestation dégénérant en émeute. Le même jour, les jeunes Italiens protestaient eux aussi dans la rue contre les coups portés à l’université par le gouvernement de Berlusconi. Quant aux Portugais, trois millions d’entre eux ont participé à la grève générale. Faudra-t-il donc une insurrection générale des peuples européens ? Question subsidiaire : qui trouve-t-on à la tête du FMI, qui impose la baisse des salaires, des dépenses de santé, des allocations ? Un « socialiste » ? DSK, c’est ça.

http://www.plumedepresse.net/

Sale temps pour les sans-papiers !


La plupart sinon tous, ont fui la misère, les dictatures imposées par l’Occident et que sais-je encore ? Hélas, ils sont pourchassés, notamment en France. Libération va publier aujourd’hui, des documents explosifs sur la maltraitance des étrangers en situation irrégulière, certains par la faute de l’administration d’ailleurs. C’est avec étonnement qu’on apprend même que, en ce temps de froid hivernal, des centres d’hébergement leur sont simplement refusés. Où va la France ?

Calvados (14):La direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), vous avez bien lu « cohésion sociale » de la préfecture du Calvados, aurait adressé un courrier à des associations pour leur dire qu’il ne faut plus abriter ces populations-là. Désormais donc, les dispositifs d’hébergement feront maintenant la police.

Haut-Rhin (68): Le « 115? serait aussi appelé à faire la police, en excluant toute demande d’hébergement émanant, d’une personne normale c’est à dire « public de droit commun » et « les demandeurs d’asile ou déboutés du droit d’asile ».

Dans le courrier adressé à ces services, il est clairement mentionné que, s’il y a saturation « les places d’hébergement d’urgence, la nécessité d’assurer une fluidité au dispositif impose de prioriser le public de droit commun ». Encore une méthode de la Gestapo.

Pire, le journal Libération révèle que dans l’Yonne (89), alors que la justice a annulée l’expulsion d’une famille d’origine étrangère semble-t-il, la restitution d’un logement lui est refusée. Une violation claire et nette des droits de l’homme qu’on vante tant ici en France.

En cette période de grand froid, comme est-il possible d’en arriver là ? Les températures approchant de 0°, comment peut-on laisser des êtres humains dans ce dénouement total ?

La France file un train mauvais coton. Vous savez très bien qui permet ce genre d’agissement.

http://www.centpapiers.com/sale-temps-pour-les-sans-papiers/49340

dimanche 28 novembre 2010

Rapport de Pierre Laurent au Conseil national (PCF)

Notre réunion d'aujourd'hui se tient après des mois d’une mobilisation exceptionnelle sur les retraites. Cette mobilisation constitue le premier grand affrontement social et politique dans notre pays depuis le déclenchement de la crise de 2008. Ses traces vont en être durables et les conditions de la bataille politique et sociale ne sont plus les mêmes avant et après. Cette réunion fait également suite à la promulgation à la sauvette par le président Sarkozy de la loi Woerth, et du remaniement – je devrais dire, le resserrement et la mise en ordre de bataille – du gouvernement Fillon.

Le discours de politique générale du Premier ministre devant le Parlement a confirmé, mercredi, la poursuite d’un cap désastreux pour le pays. C'est d'abord à l'analyse et à l'appréciation de la nouvelle situation où nous nous trouvons que je consacrerai la première partie du rapport. Une juste appréciation de cette situation est indispensable pour décider des initiatives politiques qui devront être les nôtres dans la prochaine période.

Permettez-moi de commencer par le discours de François Fillon, mercredi.

Soyons clairs : c’est un discours dangereux et scandaleux. Il a parlé de « courage », c’est en réalité une très inquiétante fuite en avant.

Le Premier ministre a d’abord superbement ignoré les Français dans son propos. Pas de chômeurs, pas de licenciés, pas de salariés précaires, pas de jeunes sans avenir, pas d’agriculteurs désespérés, pas d’enfants en grande pauvreté, pas de souffrances sociales ni d’inégalités, rien, dans les propos du Premier ministre, de toutes ces réalités qui angoissent le pays. Un discours froid, auto-satisfait, plus arrogant que jamais, acclamé par des députés de droite coupés du peuple et désavoués par le peuple sur les retraites. La contestation archi-majoritaire du pays contre la réforme des retraites ? Pas un mot, juste une allusion méprisante au « brouhaha des protestations », aux « peurs du changement» qui n’empêcheraient pas le gouvernement de « continuer à réformer » toujours dans la même direction. Le discours du Premier ministre est une négation des urgences sociales, des urgences face à la crise, c’est une insulte au peuple, un déni de réalité, une surdité aux alertes, lancées de toutes parts par le monde salarié, les syndicats, les associations, les prévisionnistes économiques.

Le discours de François Fillon, comme celui de Nicolas Sarkozy lors de son entretien télévisé après le remaniement, sont des discours à sens unique, des discours, volontairement fermés, qui refusent d’ouvrir le moindre espace de débat démocratique sur la nature, pourtant historique, de la crise et des solutions à y apporter. Si François Fillon admet d’une phrase que « la crise n’est pas finie », c’est pour marteler, avec Nicolas Sarkozy, qu’il n’y a qu’une seule manière d’y faire face : continuer à comprimer le « coût du travail » pour affronter la concurrence des pays émergents ; combattre tous azimuts les dépenses publiques et sociales, dans le budget de l'État, celui des collectivités locales et des régimes de protection sociale, présentées comme les responsables des déficits et du surendettement ; poursuivre le soutien aux marchés financiers, aux revenus du capital et du patrimoine. Toute la tonalité de ces discours est profondément autoritaire. Ils disent au pays : nous savons tout, vous ne savez rien, nous appliquerons ce que nous avons décidé et nous vous enverrons la facture de l'aggravation de la crise. C’est insupportable !

Le gouvernement confirme une réduction drastique et prolongée de tous les budgets, emplois et services publics, avec cette affirmation incroyable au cœur d’une crise économique aussi gravissime :« Il n’ y aura plus aucune dépense publique supplémentaire pour relancer la croissance ». C’est irresponsable. En revanche, rien n’est dit tout au long du discours sur l’utilisation par les banques et les grands groupes du CAC 40 des centaines de milliards d’euros dégagés depuis le début de la crise pour pallier les faillites de leur croissance financière. Pas un mot sur la poursuite et la relance de leurs gâchis, pas un mot sur la gravité de la crise monétaire européenne et internationale et ses causes profondes.

En vérité, en France comme en Europe, le schéma défendu par Sarkozy-Fillon et Merkel reste le même : soutien aux marchés financiers et à la compétitivité du capital contre les salaires et les dépenses sociales utiles. C’est une politique criminelle et catastrophique !

Yves de Kerdrel, éditorialiste du Figaro, se félicitant de la reconduction de François Fillon à son poste, a salué dans le Premier ministre l'« homme courageux, capable – je cite – de regarder la vérité en face et d'expliquer aux Français qu'il va falloir verser, sinon du sang, du moins de la sueur et des larmes ». Les sueurs et les larmes sont effectivement au rendez-vous de cette politique, mais la vérité sûrement pas.

D’une part, la situation du pays n’est pas du tout celle décrite par François Fillon.

L'année 2009 a vu une véritable hécatombe d’emplois : 256 100 emplois nets ont été détruits, dont près de 170 000 dans l'industrie, qui compte moins de 30 % des salariés français. En trois ans, Sarkozy, en élève appliqué des agences de notations, de la BCE, du FMI et du Medef a supprimé 135 000 emplois dans la Fonction publique. François Fillon annonce l’amplification de cette politique qui est en train de mettre très gravement en cause l’avenir de l’hôpital public et de notre système éducatif. En octobre, la France a « franchi la barre » des 4 millions de chômeurs (dont 2 millions de femmes et 638 000 jeunes), augmentant de 6,5 % en un an. Le chômage de longue durée a progressé de 27,6 % en une année et les salaires réels, inflation réduite, baissent de fait.

Alors que le gouvernement recule l'âge légal de départ à la retraite et augmente la durée de cotisation, le taux d'emploi des 60-64 ans en France n'est que de 17 % et celui des 55-64 ans, de 39 %. Comble du cynisme, Renault a annoncé, hier, le départ en pré-retraite de 3 000 salariés de plus de 58 ans, reconnaissant leur usure au travail. Le résultat, c’est que le niveau des pensions va baisser pour tous et que la loi sur les retraites coûtera en assurance-chômage, selon les prévisions de l'Unédic, de 440 à 530 millions d'euros compte tenu de ce faible taux d’emplois des seniors.

Alors que le revenu moyen disponible de l'ensemble des Français se situe à 22 460 euros par an, soit 1 870 euros par mois, ce qui n’a rien de mirobolant au regard du coût de la vie, du logement et de l’éducation des enfants, ce chiffre masque l’explosion des inégalités de revenus. 20 % de la population a un revenu moyen de 42 300 euros et de l'autre, 20 % également de la population vit au contraire avec 11 000 euros par an.

Notre pays compte 8 millions de salariés gagnant moins 950 euros par mois. Qui plus est, pour les actifs, les conditions de travail réduisent de plus en plus les salariés en simple marchandise, en supplétif instrumentalisé pour « remplir des objectifs » et « faire du chiffre » ; une conception managériale qui exclut les travailleurs soi-disant « non performants » et menace d'insécurité les autres, en élevant chaque fois plus haut le prix de leur maintien en poste. Ces pratiques rendent chaque jour la vie impossible à des centaines de milliers de femmes et d'hommes au travail.

Il y a peu, une sexagénaire, médecin du travail, a mis fin à ces jours en envoyant ce message : « Ne pleurez pas, je suis mieux que soumise à la torture de l'Association Alsace santé au travail (AST 67). Merci de faire le nécessaire pour que, dans un premier temps, au moins, la justice mette en prison les meurtriers d'AST 67 ». Cet acte isolé, tragique et révoltant, rappelle qu'il n'est plus guère de secteur épargné. Quand la finance domine, oui de Kerdrel a raison, le sang coule.

La droite sarkozyste veut d’ailleurs soumettre toute la Fonction publique et para-publique à ce régime de chantage à la compétitivité puisque le cadeau de départ de Woerth aux Français est l’introduction dans la législation de la possibilité de licenciement des fonctionnaires et assimilés.



Mais cette situation dramatique dans laquelle notre pays s’enfonce ne doit rien au hasard. Et c’est là le second gros mensonge des Fillon et Sarkozy. Leur politique ne traite en rien le mal de cette crise, elle n’est en aucun cas de nature à nous sortir des engrenages régressifs actuels, au contraire elle les nourrit.

Depuis le début de la crise, le montant des injections financières dans le système financier mondial est gigantesque : plus de 5 000 milliards de dollars au total. Mais les relances de croissance que cette injection massive est censée soutenir se développent de manière très inégale, avec un énorme chômage mondial estimé par le BIT à 212 millions de sans-emploi en 2009 (en hausse de 34 millions depuis 2007), avec une insuffisance criante de qualifications et de pouvoir d’achat, avec une montée des concurrences pour gagner les marchés solvables, avec l'aiguisement des guerres commerciales et monétaires, qui déboucheront tôt ou tard sur une nouvelle crise mondiale de sur-accumulation plus grave encore.

En Europe, le soutien aux marchés financiers se paie en plans d’austérité drastiques, dans tous les pays, qui annihilent la croissance et aggravent les endettements publics et la crise de la zone euro. Hier élève modèle du dumping fiscal au profit du capital, l’Irlande est maintenant à son tour saignée à blanc. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont poussé en commun à l’adoption, le 28 octobre dernier, par les chefs d'État et de gouvernements de l'UE d’un plan d'action pour renforcer leur « discipline budgétaire commune » qui aura comme principal effet d'aggraver la crise. La zone euro apparaît comme le théâtre majeur, au plan mondial, d’un bras de fer violent entre prélèvements publics et sociaux et prélèvements financiers avec, pour toile de fond, l'enjeu du modèle social européen.

En France, la croissance reste minime, contrairement aux affirmations de François Fillon. Seuls s’en tirent les groupes du CAC 40 qui devraient retrouver des niveaux de profits de plus de 80 milliards d’euros en 2010 et qui disposent de trésoreries financières énormes : 146 milliards d’euros pour les dix premiers groupes selon Les Echos du 21 octobre.

Mais rien ne profite au pays et tout va bien à la guerre des marchés. Ce sont précisément ces logiques qui nous enfoncent et que François Fillon se propose d’amplifier encore.

Voilà les réalités que tentent de cacher à notre peuple Sarkozy et Fillon. Il importe, dans ces conditions, que nous décidions d’amplifier la bataille d’idées engagée depuis le début de la crise, poursuivie avec succès dans la bataille des retraites, sur les causes réelles de la crise capitaliste et la nature des solutions à apporter.

Nous pouvons le faire en portant des propositions fortes qui trouvent aujourd’hui de l’écho dans la situation. Celles que nous avons avancées pour un autre financement des retraites, notamment la création d’une cotisation sur les revenus financiers, la suppression des exonérations de cotisations sociales aujourd’hui utilisées contre la qualité de l’emploi ou encore la modulation des cotisations sociales ont enfoncé une brèche dans le discours dominant qui nous rabâche : on ne peut pas faire autrement. Ce « on ne peut pas faire autrement », il faut le combattre pied à pied, proposition contre proposition, logique contre logique.

Oui, il n’est pas fatal de refinancer les banques sans contrepartie, on peut créer un pôle public bancaire et financier et s’en servir pour réorienter la politique de crédit. Oui, face à la crise de la zone euro, à la montée des tensions monétaires qui s'exacerbent, nos propositions d’une profonde transformation de la BCE et de la mise en chantier d'une monnaie commune mondiale deviennent plus crédibles que jamais. Oui, plutôt que d’enfoncer l’Irlande et la Grèce, la BCE pourrait racheter les titres de dette publique de ces États en usant de son pouvoir de création monétaire pour soustraire progressivement ces États au chantage des marchés financiers. L’argent ainsi mobilisé pourrait alimenter un Fonds européen de développement social à l’opposé de l’actuel Fonds de stabilisation financière. En tous domaines, montrons qu’une autre logique est non seulement nécessaire, mais qu’elle est également possible.

Nous sommes d’autant plus encouragés à mener cette bataille avec la mobilisation que connaît notre pays sur les retraites. Un chiffre résume à lui seul l’ampleur et la portée de ce qui vient de se passer : selon des estimations de la CGT, ce sont sept millions de personnes qui ont participé jusqu'à présent, d’une manière ou d’une autre, à tout ou partie de ce mouvement. C’est évidemment considérable.

Je veux d'abord saluer, au nom de notre direction nationale, le travail exceptionnel des organisations syndicales. Jour après jour, elles ont multiplié les initiatives pour informer les travailleurs de la nature régressive du projet gouvernemental. Depuis des mois, elles sont restées unies sans ne jamais rien céder au gouvernement qui fasse reculer les droits des salarié-es. Bravo à elles pour leur lucidité et leur détermination. Je veux aussi redire ici l’importance du travail des parlementaires communistes, de l’ensemble des deux groupes dans leur diversité. Le projet de loi qu'ils ont élaboré et porté a donné une perspective politique crédible à la mobilisation en montrant, proposition contre proposition, qu'une autre réforme était et demeure possible. Leur grande ténacité dans le débat parlementaire a donné un formidable écho aux revendications des salariés. Nous pouvons être fiers d'eux. Le peuple a besoin de tels élus et ils ont montré ce que le peuple est en droit d’attendre de la gauche.

« C'est très dur de se battre et de perdre de l'argent », disait, fin septembre, Clément, agent SNCF ; et il ajoutait: « J'ai 30 ans, et je sais déjà que je vais faire grève longtemps, car d'ici ma retraite, notre modèle social sera souvent attaqué. » Clément résume bien tout ce que ce mouvement a su exprimer avec force : la combativité des salariés face à un pouvoir sourd à leurs revendications ; la prise de conscience massive que la lutte contre cette réforme porte en elle l'affrontement entre deux conceptions de la société : une société soumise aux puissances de l'argent ou une société de solidarité et d'égalité ; et la conscience que la promulgation de la loi ne mettrait de terme ni à la bataille pour la retraite à 60 ans, ni au débat de société qu'elle a ouvert en grand. Clément, jeune salarié, est assez représentatif de cette nouvelle génération qui est entrée en mouvement.

Progressivement, à travers l’enjeu des retraites, c’est bien un débat de choix de société qui a gagné tout le pays, toutes les générations, tous les secteurs, public et privé. La jeunesse salariée s'est retrouvée en nombre, d'ailleurs assez impressionnant dans certains cortèges ; et la jeunesse lycéenne et étudiante, mobilisée à partir de septembre, l'a fait sur l'enjeu du travail, du droit à l'accès au travail. Les organisations féministes et leur appel commun du 24 juin ainsi que la saisine de la HALDE par des députées, au premier rang desquelles Marie-George, des associations et des syndicats ont mis au jour l'attaque violente portée contre les femmes par cette réforme : la conviction que la justice sociale passe par le combat contre les inégalités entre femmes et hommes a progressé montrant qu'il s'agit d'un enjeu de société incontournable.

Cet enjeu de l'égalité homme-femme est symbolique de la montée de la conscience populaire du caractère foncièrement inégalitaire de la société dans laquelle nous vivons, devenue insupportable y compris dans des catégories de la population qui ne sont pas en situation immédiate d'insécurité sociale ou de précarité. Et cela s'est notamment traduit par une très forte solidarité populaire avec les grévistes comme nous l'avons constaté dans les nombreuses initiatives de collectes que nous avons organisées.

Au lendemain des élections régionales, la confiance avait déjà commencé à changer de camp et des luttes sont nées. Avec le mouvement contre la réforme des retraites, une nouvelle étape est franchie : le mouvement social sort renforcé des mois qui viennent de s'écouler, comme en témoigne la progression de la syndicalisation et la persistance d'une bonne image des syndicats dans l'opinion, un renforcement qui se traduit par l'émergence de nouvelles luttes revendicatives dans de nombreuses entreprises et qui lui permet de s'inscrire dans la durée.

En effet, dans sa foulée, d'autres luttes apparaissent ou s'intensifient sur les conditions de travail et les salaires : les dockers à Marseille, les salariés de Total-Dunkerque, les salariés de Plysorol à Lisieux sont en lutte, ceux de Montataire dans l'Oise qui se battent contre des licenciements, les travailleurs Sans-Papiers occupant la cité de l'histoire de l'immigration, les personnels hospitaliers de l'hôpital Tenon invoquant leur droit de retrait après 6 semaines de grève, les gardiens de prison. Je pourrais encore citer les producteurs de lait, les agriculteurs affrontant le monopole des abattoirs Charal, les salariés de Rhodia dont le salaire de base est à 917 euros et qui n'ont pas de 13e mois... les étudiants bloquant encore des universités pour protester encore contre la réforme ou ceux de l'ENS-Rue d'Ulm exigeant la titularisation des contractuels.

Quelques unes ont même débouché sur des victoires, comme celle des salariés des verreries Brosse en Seine-Maritime qui ont imposé 5,3% d'augmentation de salaires en plein mouvement sur les retraites ; ou encore en Moselle, à l'usine Rhodia de Behr dont les ouvriers ont obtenu 40euros brut d'augmentation et 14% sur la prime de nuit. Tous les secteurs, tous les pans de la société sont touchés et cela ne s'arrêtera pas.

Le 23 novembre, la mobilisation a surpris ceux qui y voyaient une journée symbolique alors qu'elle affirmait que la promulgation de la loi n'avait certainement pas clos le dossier des retraites ; et le 4 décembre, la manifestation nationale des chômeurs et précaires constituera un rendez-vous de tous les travailleurs pour lesquels l'urgence est à la revalorisation des salaires, des taux et durée d’indemnisation du chômage, à la transformation des emplois précaires en emplois stables, à la taxation des transactions financières et à la suppression des niches fiscales et sociales aux entreprises et gros revenus.

Compte tenu de ce climat, des urgences sociales du pays, et en lien avec ce que je disais précédemment sur les batailles à poursuivre avec nos propositions, je crois que nous devrions réfléchir à impulser de nouvelles campagnes d’actions en 2011.

Il y a aura évidemment toute la bataille sur l’avenir des collectivités locales, qui sera au cœur des cantonales, j’y reviendrai. Nous démarrons également une campagne d’action sur la santé et l’hôpital public, et nous préparons une relance de notre campagne sur l’école en lien avec la dramatique situation créée depuis la rentrée par la destruction des IUFM.

Mais nous avons besoin d’une campagne forte contre les plans drastiques d’austérité annoncés en France comme en Europe. Nous travaillons à ce que le congrès du PGE qui se tient la semaine prochaine à Paris prenne une grande initiative politique de dimension européenne.

La colère des Irlandais, les manifestations d’étudiants en Grande-Bretagne, la grève générale historique au Portugal sont des signes supplémentaires qui nous y encouragent. Patrick Le Hyaric avance d'ailleurs en ce sens des propositions dans L'Humanité de ce jour.

Une situation politique et sociale nouvelle qui vient de s’ouvrir : au terme du premier grand affrontement depuis la crise de 2008, la droite au pouvoir en France, un pays très regardé par toute l’Europe, n’a pas réussi à juguler une opposition majoritaire, combative et persistante de notre peuple à la mise en œuvre des solutions capitalistes justement préconisées dans tous les pays de l’UE. Elle a fait voter la loi Woerth mais en subissant sa première grande défaite politique depuis l’élection de 2007.

Cette situation peut-elle déboucher sur une défaite politique plus globale et plus durable de cette droite ? Et peut-elle ouvrir la voie à une alternative politique de gauche porteuse de choix politiques en rupture avec les choix actuels? C’est l’enjeu de la période à venir.

Rien n’est automatique, nous le savons très bien. Mais rien n’est joué non plus. La situation est ouverte. Il nous faut donc apprécier lucidement les potentiels et les obstacles de la période.

Toutes les enquêtes d’opinion le montrent, à commencer par celle publiée par l’Humanité Dimanche. S’il existe un très fort niveau de soutien à des mesures de gauche, s’il existe une forte disponibilité pour un projet de gauche, en rupture avec les solutions mises en œuvre par le gouvernement UMP Sarkozy-Fillon, cela cohabite avec un doute sérieux lui aussi très majoritaire.

Les citoyens expriment à la fois leur envie de gauche et leur scepticisme sur la gauche. Pour transformer la colère et le rejet du pouvoir actuel en un espoir de changement politique à gauche, il ne suffira pas de susciter de l’adhésion à telle ou telle mesure de gauche, il faudra crédibiliser le chemin pour parvenir à ce changement et en garantir la réussite.

De très nombreux salariés, d’habitants des quartiers populaires, qui souhaitent le changement, font le constat lucide que les forces qui dominent actuellement la gauche, le PS et Europe Ecologie-Les Verts ne portent pas de projets de rupture forts avec les logiques dominantes. La candidature toujours possible de DSK pour le PS, ou celle actée d’Eva Joly pour EELV, ne font que renforcer le scepticisme. Ceux que la machine sondagière présente comme seuls crédibles électoralement ne sont pas politiquement jugés très fiables. Le Front de gauche intéresse, il semble confirmer des progrès potentiels dans les intentions de vote, y compris à la présidentielle, mais il apparaît encore trop faible. D’où cette interrogation largement répandue : comment concilier exigences de contenus et unité pour des majorités nécessaires à la victoire ?

En même temps qu’ils agissent, les salariés s’interrogent, regardent, observent, oscillant entre défiance, espoir et perplexité. Notre devoir est d’agir avec eux, et de proposer un chemin crédible, capable d’ouvrir la voie à un changement politique qui réponde aux attentes populaires.

Mais d’abord une remarque : nous ne serons pas les seuls à agir. Aucune force politique ne restera immobile, et sûrement pas à droite.

Le remaniement, je l'ai dit, annonce clairement le cap choisi par Nicolas Sarkozy et l’UMP : affaibli politiquement, mis en difficulté par une crise qu’il a sous-estimée et une contestation populaire plus déterminée qu’il ne l’avait prévue, le pouvoir s’est remis en ordre de bataille, intégrant dans son dispositif gouvernemental tous ses principaux leaders. Le pouvoir ne parle déjà plus d’une seule voix, comme on le voit avec la montée en puissance de François Fillon. C’est donc un gouvernement de combat, resserré, très politique, avec à ses côtés une UMP et un groupe parlementaire, tous deux pilotés par Jean-François Copé, qui sont en place pour préparer 2012. Le discours de François Fillon l’a montré : ce gouvernement entend reconquérir le terrain perdu en martelant le caractère inéluctable de ses choix, invoquant pour cela autant qu’il le faudra le FMI ou le rapport Attali. N’en doutons pas, la bataille idéologique va continuer à faire rage. Nous devrons plus que jamais argumenter et riposter.

Ce nouveau dispositif resserré sur l’UMP peut aussi créer de l’espace pour des « oppositions » de droite, qui contestant la méthode Sarkozy, n’en rejoindront pas pour autant tous les objectifs libéraux de l’UMP.

La formation de Dominique de Villepin en est une version. Il faudra également suivre la relance probable, bien qu’incertaine, des manœuvres centristes autour des recalés du gouvernement Hervé Morin ou Jean-Louis Borloo.

Plus inquiétante encore peut être l’extrême-droite, toujours à l’affût en période de crise politique de la droite, qui emmenée par Marine Le Pen, tente déjà d’incarner une relève radicale, à l’image des extrêmes droites populistes, nationalistes et xénophobes qui émergent en Europe en surfant sur le rejet des « élites de la mondialisation ».

En clair, la droite n’a pas perdu la bataille d’avance. Elle va se battre. Elle ne la perdra que si s’affirme à gauche un projet politique de changement à la hauteur des exigences populaires. Or, soyons clairs, ce n’est pas fait. Les Français doutent, ils ont des raisons de le faire. Le décalage est réel, et de fait les orientations dominantes au PS et à EELV restent clairement à une adaptation aux contraintes de la crise capitaliste sans rupture forte avec les logiques actuelles. Le risque est donc réel que les projets portés à gauche ne soient pas à la hauteur des attentes populaires.

Le monde du travail, la grande masse des salariés, les couches moyennes et populaires et de nombreux intellectuels – c’est-à-dire l’électorat de gauche dans sa masse – sont disponibles pour des solutions de changement, mais tous seront travaillés, dans les mois qui viennent, par ces contradictions et par cette question : peut-on croire à un changement et lequel ? Peut-on faire bouger la situation jusqu’à faire dominer dans l’électorat de gauche l’espoir et l’exigence d’une réelle politique de changement ? Peut-on ouvrir en grand la porte du changement, et comment y parvenir dans le cadre des échéances politiques de 2012, dominées par l’élection présidentielle ? C’est la question à se poser et le défi à relever.

A gauche, la situation est, en fait, pleine de paradoxes. Si l’inclination des directions du PS et d’EELV est clairement celle que j’indiquais, le mouvement populaire a poussé l’ensemble des forces de gauche à tenir sur l'orientation du droit à la retraite à 60 ans. C’est unique en Europe. Au-delà des retraites, l’aspiration à l’égalité demeure structurante et endigue les offensives idéologiques du libéralisme. L’essentiel des électeurs de gauche était engagé dans le mouvement et cela marque les consciences.

Cependant, la mécanique présidentialiste peut être un redoutable filtre qui, au nom de la nécessaire victoire sur Sarkozy, laisse sur le carreau l’essentiel des aspirations au changement. La primaire socialiste peut fort bien servir de filtre supplémentaire. Les déclarations des candidats déclarés ou potentiels ne laissent rien augurer de très bon. La polémique provoquée par une convention nationale sur l’égalité, pourtant bien timide, en dit également long sur le poids que s’apprête à occuper la pédagogie des « contraintes ».

Donc comment faire ? Quelles ambition et quels objectifs se fixer ?

1. La première des questions est celle de l’ambition.

Au lendemain d’un mouvement social aussi profond, notre objectif ne peut être de limiter les dégâts. Nous voulons contribuer de toutes nos forces à faire grandir dans le peuple et par le peuple un projet collectif conforme aux attentes de changement du mouvement populaire. Nous voulons construire avec le mouvement populaire, avec toutes celles et ceux qui en ont été les acteurs, en les faisant sortir du rôle de spectateurs défiants dans lequel ils se trouvent aujourd’hui à l’égard de la politique, un projet qui exprimera des attentes majoritairement partagées par eux.

Nous voulons formuler, avec le peuple, un projet de gauche enfin conforme à ses attentes, pour le porter ensemble dans les échéances à venir. Notre objectif central est donc le développement d’une dynamique populaire porteuse d’un tel projet et la conquête d’une nouvelle majorité politique de gauche capable en 2012, avec de nombreux parlementaires du Front de gauche en son sein, de faire avancer les objectifs d’un tel projet.

Les luttes et les batailles à venir dans les deux ans qui viennent, les rendez-vous électoraux des cantonales et des sénatoriales en 2011, la construction du programme populaire et partagé que nous engageons doivent concourir à cet objectif, en confortant à chaque étape les dynamiques et les rapports de forces nécessaires. L’élection présidentielle sera une étape décisive sur ce chemin. Les élections législatives seront essentielles, elles devront concrétiser l’ambition visée dans une nouvelle majorité parlementaire.

Le Front de gauche doit être le moteur de cette ambition, l’énergie positive à gauche. Nous l’avons initié pour cela. Ce doit être la force qui rend crédible le changement à gauche en portant ce projet qui dit clairement : voilà ce que la gauche doit et peut faire. Le Front de gauche doit être le rassembleur de toutes les énergies qui veulent la réussite d’un projet au service des intérêts populaires.

Dans ce moment où le besoin d’alternative va travailler toute la société, le Front de gauche est une dynamique potentiellement porteuse d’espoir. C’est le moment de l’amplifier, et le parti communiste a un rôle crucial à jouer pour lui donner l’impulsion et l’ambition politiques nécessaires.

2. La seconde question est dans cet esprit celle de l’élaboration du programme partagé.

Ça y est, les choses démarrent. Quelques dizaines d’initiatives se sont tenues dans le pays. C’est encore modeste. Mais notons-le, toutes ces initiatives sont très réussies, intéressent beaucoup le public des acteurs sociaux et syndicaux que nous invitons. Ce soir, débute la rencontre nationale que nous organisons. Elle s’annonce comme une contribution particulièrement enrichissante. Elle sera un signal fort.

Et, à partir du 2 décembre, nous tiendrons une série de forums publics nationaux du Front de gauche. Il y en aura neuf, chacun dans une ville différente du pays, en commençant par les retraites à Paris le 2 décembre, et sur la République, le 9 décembre à Nanterre. Sept initiatives dans toute la France : à Nîmes : Face à l’échec du traité de Lisbonne, quelle Europe ? ; au Mans : Face à l’impasse de la financiarisation, l’argent pourquoi faire ? à Bordeaux : Face à la catastrophe écologique, quelle alternative ? À Marseille : Face à l’exploitation, au chômage et à la précarisation, comment changer la place du travail ? à Rennes : Face à la marchandisation des savoirs, quelle école nous voulons ? à Lyon : Face au tout marchand, quels services publics et biens communs ? Le dernier débat aura pour intitulé : Face à la mondialisation capitaliste et aux guerres, quelle politique internationale ?

Sur tous ces thèmes, et d’autres travaillés plus précisément, l’enjeu doit être, je veux y insister, de dégager les thèmes rassembleurs, fédérateurs, capables d’unir une majorité de nos concitoyens, et du même coup de crédibiliser la possibilité d’un changement dès lors considéré comme accessible. Oui, accessible et crédible, parce qu’absolument nécessaire pour répondre aux urgences de la crise, et très largement soutenu dans le pays. Nous ne voulons pas incanter le changement mais lui ouvrir le chemin. Trop de gens souffrent pour attendre. Ce que nous voulons construire, ce sont de grands objectifs, majoritairement partagés, disant clairement où sont les leviers d’un vrai changement pour la vie de nos concitoyens. C’est ce que nous devons viser sur chaque grand sujet qui mobilise la société, et la conduise à s’interroger sur le sens de son avenir : retraites, emploi, rôle des banques, utilisation de l’argent, Europe, services publics, hôpital, école, jeunesse…

Cette démarche si elle devient visible dans tout le pays, peut créer l’évènement, n’en doutons pas. Il conviendra évidemment de construire les moments d’acter tout ce travail partagé. Pour l’heure, le premier enjeu est d’en réussir l’impulsion dans tout le pays et du même coup une large appropriation citoyenne.

3. La troisième question doit nous conduire à approfondir chemin faisant, en mettant en œuvre cette démarche, les formes populaires et citoyennes d’association à notre démarche.

Le Front de gauche, ce doit être une autre manière de faire et de vivre la politique. A chaque initiative nouvelle, pensons à donner rendez-vous, à poursuivre, à prendre date, à créer les espaces et les formes de travail nécessaires, en n’hésitant pas à miser sur l’intelligence, l’expertise, l’engagement populaires. Dans la forme même de toutes nos campagnes, cela importe au premier chef. Les campagnes du Parti communiste, du Front de gauche, on ne doit pas les suivre, on doit les vivre.

4. La quatrième question que je veux aborder est celle de la candidature à l’élection présidentielle pour 2012.

De fait, le débat a démarré. Jean-Luc Mélenchon s’est déclaré disponible pour cette candidature. Notre camarade André Chassaigne également. L’un et l’autre s’expriment déjà beaucoup, et contribuent à assurer la visibilité du Front de gauche dans le débat politique, ils sont invités dans des médias, qui vous le savez, sont déjà tous focalisés sur le casting présidentiel. Le nom de Jean-Luc Mélenchon est déjà testé dans des intentions de vote.

Tout cela provoque chez nos camarades de l’intérêt, des débats, des interrogations, des agacements, des impatiences… et surtout désormais une demande : que soient précisés le cadre et le calendrier de ce débat, et les conditions dans lesquelles les communistes seront amenés, tout naturellement comme c’est leur droit, à se prononcer. Personne ne décidera à leur place.

Je veux donc vous faire à ce propos une proposition. Mais avant cela deux remarques.

La première concerne ce qui doit guider notre réflexion en la matière. Pour moi, c’est clair, c’est 2012 et les enjeux politiques dont j’ai parlé précédemment. Nous ne sommes pas là pour solder les comptes de l’histoire du PCF et de la présidentielle. La question à laquelle nous avons à répondre, c’est quelle candidature, pour quel projet, dans les conditions singulières de 2012. Les expériences passées, qui souvent passionnent nos débats sur cette question tant nos rapports avec cette élection sont compliqués, comportent certes des leçons. Mais aucune ne nous apportera la réponse à la question politique qui nous est aujourd’hui posée.

La seconde remarque, je l’ai dit, le débat est de fait engagé. Nous allons en préciser le cadre. Mais puisqu’il existe, ne le bridons pas, qu’il se déploie, qu’il ait lieu sans tabou. Partout dans le parti, la question de la candidature doit être débattue, sans sur-valoriser ni sous-estimer l'enjeu, mais tout simplement comme l'un des débats que nous devrons trancher ensemble et chacune, chacun doit prendre ses responsabilités sur cette question comme sur les autres. Obligeons-nous donc les uns et les autres à un débat sérieux où pourront être sereinement évalués les avantages et les inconvénients des solutions envisagées, dans cette élection si contraire à notre conception de la politique.

J’en viens à ma proposition.

Je crois, comme le montre ce rapport, qu’il ne s’agira pas seulement de choisir un nom, une personnalité, mais un cadre politique et un dispositif collectif de campagne. Il nous faudra de surcroît mener la discussion sur ce cadre avec les communistes qui auront à se prononcer et avec nos partenaires qui devront également le faire.

Je pense donc que nous devrions engager la discussion à partir d’un texte adopté par le Conseil national qui dirait les principes à partir desquels, pour ce qui nous concerne, nous envisageons une candidature du Front de gauche. Ce texte devrait probablement proposer une définition de l’ambition politique visée en 2012, énoncer les grands thèmes structurants du travail sur le programme partagé, proposer des modes et des formes de déploiement populaire de notre démarche, ainsi qu’un dispositif et un style collectif de campagne associée à la candidature.

Ce texte devra également engager notre réflexion sur la manière dont nous combinerons les deux échéances de 2012, présidentielle et législatives, compte tenu évidemment de l’importance que nous accordons aux deux comme je l’ai souligné.

Un Conseil national pourrait se tenir le 7 janvier pour adopter ce texte, ce qui laisse le temps d’y travailler, après la discussion que nous aurons aujourd’hui. Ce Conseil national pourrait en même temps convoquer le Congrès, en fixer le calendrier, ce qui déclencherait conformément à nos statuts la période de libre contribution des communistes sur l’ordre du jour du Congrès.

Un premier échange national pourrait ainsi avoir lieu lors de la rencontre des animateurs de section le 8 janvier, et fournir ainsi aux communistes et à la discussion avec nos partenaires un premier cadre de réflexion, avant le choix d’un nom.

Sans préjuger du calendrier que nous fixerions au CN du 7 janvier, il parait de toute façon raisonnable de considérer que la base commune de discussion que le CN adoptera avec sa proposition définitive d’orientation et de candidature soumise aux communistes n’interviendra qu’au lendemain des cantonales, juste après, début avril.

S’enchaîneraient alors les étapes statutaires nous menant au Congrès.

Puisque je viens de parler des cantonales, permettez-moi de conclure par là ainsi que par un mot sur les sénatoriales.

Pour toutes les raisons exposées dans ce rapport, nul doute que le résultat des élections cantonales comptera dans l’évolution de la situation des nos collectivités locales, donc de la vie de nos concitoyens, et dans celle de la situation politique nationale. Je ne reviens pas sur la discussion de notre dernier CN, rien ne l’invalide. Je veux juste souligner l’urgence qu’il y a à engager partout cette bataille, à désigner les candidats du Parti et du Front de gauche quand ce n’est pas encore fait. L’abstention est un risque sérieux et l’enjeu de l’élection va nécessiter beaucoup d’explications. Nous abordons cette élection avec esprit de conquête et de rassemblement, avec l'objectif de renouveler les 104 sièges que nous détenons, de garder nos présidences du Val-de-Marne et de l'Allier et de reconquérir celle de la Seine-Saint-Denis.

Force est de constater que cet esprit de rassemblement est loin d'animer partout nos partenaires de gauche. Et nous redisons au PS et EELV qu’il y a sûrement mieux à faire pour la gauche que de chercher, par des candidatures politiciennes uniques, à tailler des croupières aux conseillers généraux communistes sortants.

Je veux dire notamment mon soutien à la déclaration adoptée hier soir par le Conseil départemental du Val-de-Marne qui met en garde contre de telles manœuvres dirigées contre la majorité actuelles du Conseil général. Au moment où les grands débats publics sur les transports en Ile-en-France sont en train de donner raison au travail visionnaire mené par le Conseil général du Val-de-Marne sous la présidence de Christian Favier, chercher à affaiblir cette présidence serait rendre un bien mauvais service à la gauche et aux populations de département. Nous ne laisserons pas faire, les Val de Marnais non plus. Nous le disons aux Verts et au PS : il est temps de renoncer à ces manœuvres.

Concernant les sénatoriales, je veux dire l’état réel des discussions.

Vous le savez, l’enjeu est le passage de la majorité sénatoriale à gauche, et dans ce cadre la réélection des sénateurs et sénatrices sortants, et le renforcement de notre groupe. Au total 19 sortants de notre groupe sont renouvelables, dont 16 communistes en métropole. La presse a annoncé la semaine dernière que le PS avait réservé neuf places à des communistes, et 11 aux Verts, soit huit sénateurs Verts supplémentaires donnés par le PS, puisque les Verts ne disposent contrairement à notre implantation locale des grands électeurs nécessaires. Pour ce qui concerne le PCF, l’annonce ne porte que sur les départements où un accord sur une liste d’union à la proportionnelle existait déjà la dernière fois, soit 7 départements (Isère, Indre-et-Loire, Loire, Meurthe-et-Moselle, Seine-et-Marne, Paris, Essonne) auxquels s’ajoutent cette fois-ci une place réservée sur la liste des Hauts-de-Seine et une sur la liste du Val d’Oise.

Pour les autres départements qui ont des sortants renouvelables (Pas-de-Calais, Nord, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne), nos fédérations poursuivent les discussions avec l'objectif de la réélection du nombre de sièges que nous détenons. Nous discutons également de gains possibles dans plusieurs départements. En tout état de cause, nous l’avons dit à nos partenaires la semaine dernière. La discussion n’est pas close. La gauche devrait gagner des sièges, il est normal que notre groupe CRC qui s’est si bien battu sur les retraites sorte renforcé. Nous y travaillons.

Voilà cher(e)s camarades, les réflexions et propositions que je voulais vous présenter ce matin à l'occasion de notre Conseil national."



Communiqué de presse
http://www.humanite.fr/26_11_2010-rapport-de-pierre-laurent-au-conseil-national-pcf-458661

Guillaume Sarkozy / retraites : projet bloqué

dimanche 28 novembre 2010 (09h05)


Le projet de création d’une société commune dans le domaine de la retraite complémentaire unissant la Caisse nationale de prévoyance (CNP) et le groupe privé Médéric dirigé par Guillaume Sarkozy, le frère du Président serait bloqué par les autorités de tutelle, selon Mediapart.

"Les salariés de la Caisse nationale de prévoyance (CNP), une société qui est contrôlée indirectement par l’Etat (...) ont été informés, jeudi 25 novembre, par un message sur l’intranet de l’entreprise : l’opération n’a pas reçu les agréments nécessaires des autorités de tutelle et sera donc au mieux différée, au pire annulée. (...) «Nous constatons malheureusement aujourd’hui que l’Autorité de Contrôle Prudentiel n’a pas agréé en l’état le transfert dans la Société commune de certains portefeuilles.»

Ce projet était détaillé dans notre article :


Retraites : un député accuse Sarkozy de travailler pour son frère
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3484

Par Gilles Klein
http://www.arretsurimages.net/vite-dit.php#9768

samedi 27 novembre 2010

La France endettée, mais la France enneigée !

Jeudi, la neige a débarqué en France.

Premier front au petit matin dans l'Est et le Nord

L'après-midi, la neige avait pris d'assaut la région parisienne et même Paris pendant quelques minutes.

"Dans les jours qui viennent, les averses de neige vont s'accentuer partout. Une semaine hivernale s'annonce, on devrait retrouver la neige en plaine et dans une bonne partie du pays", précisait Météo France au Parisien.

Ce vendredi, même la Provence est touchée, tandis que l'Est subit encore des chutes de flocons.

Et ce week-end, la neige tombera dans le Lot, notamment cette nuit.

Il fait froid, un peu de solidarité réchaufferait tout le monde
je vous fait partager un poème que j'ai crée, comme les romans de Hugo et de Balzac, réflètent la société


Aujourd'hui
il fait froid
le vent glacial souffle
glacial comme le climat social
La neige tombe sous un ciel gris
gris comme le coeur des français
je marche dans la rue
les visages des gens sont tendus
dans le métro
l'ambiance est morose
les gens ne se regardent pas
visages déprimés!
parfois un enfant pleure
mais les adultes pleurent aussi, dans leurs coeurs!
les mendiants toujours plus nombreux
toujours plus affamés
mendient
mais personnes ne donnent pas
parce que évidemment s'ils donnent
ils n'auront plus à manger pour eux.
pendant ce temps là
les hommes politiques
les patrons et les banquiers
dans leurs palais dorés
entourés de jolies femmes en décolletés
sont saouls ou rient très fort.

Par porterplainte

Irlande : la colère grandit , toute une nation se mobilise



Outrés par les coupes dans les salaires et les prestations sociales, prévues par le plan du FMI et de l’UE, les citoyens s’apprêtent à déferler dans les rues de Dublin demain, à l’appel des syndicats et des forces progressistes. Londres, correspondance.

Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus aujourd'hui dans les rues de Dublin. Les Irlandais se rassemblent à l’appel de leurs organisations syndicales pour clamer leur opposition au plan de rigueur draconien présenté par le gouvernement pour éponger les déboires spéculatifs des banques.

Le plan, imposé conjointement par les émissaires du Fonds monétaire international (FMI) et ceux de l’Union européenne, est devenu si impopulaire qu’il a poussé aussitôt vers la sortie le gouvernement de Brian Cowan, accusé d’avoir entraîné le pays au bord du gouffre. La confédération syndicale (Ictu) décrit les mesures annoncées mercredi par le pouvoir comme « régressives » et soumises aux exigences des marchés financiers. Ce plan comporte en effet des attaques plus dures encore que les précédents contre les acquis sociaux, il ampute la rémunération des fonctionnaires, dont le nombre doit être très fortement diminué, et programme une diminution du salaire minimum. Tout cela fait exploser la colère de toute une nation.

Ce plan va déboucher « sur le contraire de ce qu’il promet », a déclaré David Begg, secrétaire général de l’Ictu. « Il ne conduira pas à un redressement économique, mais il va ouvrir la voie d’une récession profonde. » Et de préciser pour l’humanité : « Les mesures proposées vont étouffer la demande. Elles vont pénaliser ceux qui ont des petits revenus. L’économie est déjà très fragile et la réduction d’encore 15 milliards d’euros de dépenses publiques va nous conduire au désastre. Rien n’est proposé pour créer des emplois et pour les quelque 450  000 de nos citoyens qui sont réduits au chômage. »

Fintan O’Toole, chroniqueur de l’Irish Times, qui s’est solidarisé avec les participants à la manifestation de demain, écrit : « Le but du paquet négocié avec le FMI et l’UE n’est pas d’éviter que l’Irlande tombe dans une dépression économique. C’est le moyen qui permet d’assurer que les citoyens irlandais verseront encore de l’argent aux banques. Le processus qui consiste à transformer la dette privée des banques en dette publique sera ainsi poussé à son terme. Au lieu d’emprunter de l’argent auprès de la Banque centrale européenne à un taux de 1 % pour se financer, l’État (vous et moi) va devoir emprunter la somme voulue avec un taux d’intérêt de peut-être 5 %. Et, pour payer cela, on va cogner sur les pauvres et les plus vulnérables. »

Les allocations sociales vont être diminuées, les services de santé soumis à un rationnement, les prestations pour les handicapés et les personnes âgées, déjà insuffisantes, vont être encore ponctionnées. « Mais, ajoute le chroniqueur, 100 milliards d’euros que les Irlandais doivent aux banques allemandes et les 109 milliards dus aux banques britanniques seront garantis. Du coup un surcroît de chômage et un retour à l’émigration de masse sont programmés. La pauvreté et les inégalités vont s’accentuer encore, avec tout ce que cela comporte en coûts sociaux et financiers. »

Pour l’Irlandais moyen, la mesure la plus emblématique est la réduction du salaire minimum. « C’est une façon de punir ceux qui souffrent de la crise, souligne un syndicaliste, pendant que ceux qui l’ont créé poursuivent tranquillement leur chemin. »

Jim Mcloughlin, économiste irlandais, maître de conférences à l’université de Brighton, en Angleterre, voit dans la crise des caractéristiques particulières. Elle frapperait, dit-il, un « capitalisme de copinage », où les dirigeants politiques, les banquiers et ceux qui maîtrisent le marché de l’immobilier s’entendent pour diriger l’économie à leur propre avantage.

Rentrant d’une visite à Dublin où il a rencontré des membres de sa famille, il nous a confié : « Tout le monde souffre et tout le monde est en colère. » Sa tante Rita va voir sa retraite réduite de 10 %. Exaspérée, elle a lancé à Jim : « Je voudrais mettre tous les hommes politiques et tous les banquiers en prison. » Michael, fils de Rita, est enseignant. Il va perdre 20 % de son salaire.

Et retour d’un phénomène terrible, la crise pousse à nouveau de nombreux jeunes gens à quitter le pays. C’est une main-d’œuvre irlandaise qui avait été contrainte de s’expatrier pour construire, pour des salaires de misère, les chemins de fer de l’Angleterre au XIXe siècle et ses autoroutes au XXe. Aujourd’hui, les Irlandais sont saignés pour d’autres motifs : ils doivent payer la facture des banquiers britanniques. Et des banquiers du monde…

Peter Avis

http://www.humanite.fr/25_11_2010-irlande-la-colère-grandit-toute-une-nation-se-mobilise-458600

vendredi 26 novembre 2010

Nicolas Sarkozy relance l’idée du fonctionnaire multitâches


Un seul fonctionnaire pour remplir plusieurs missions dans les zones peu peuplées. C’est la proposition de Nicolas Sarkozy. Le président de la République était aujourd’hui en déplacement officiel au Mayet-de-Montagne, dans l’Allier. Un déplacement consacré au thème de la ruralité qui a pris des accents électoraux...

Comment pallier à l’absence de bureau de poste, de caisse de sécurité sociale ou encore de bureau du trésor public dans certaines communes françaises, notamment en zone rurale ? A cette question, le président de la République vient d’apporter une réponse lors d’un déplacement dans l’Allier sur les thèmes de l’agriculture et la ruralité. La solution envisagée par le chef de l’Etat : regrouper les services via la création de " maisons multiservices ". Une option qui pourrait certes pallier au manque de structures d’accueil. Mais quid des personnels ? Là encore, l’idée c’est le regroupement, non plus des services mais des compétences avec la création de fonctionnaires qui pourrait donc être multicasquettes. Ainsi, le même agent pourrait travailler pour plusieurs administrations, tantôt postier, percepteur des impôts, secrétaire de mairie ou agent de la DDE.


En relançant cette idée - qu’il avait déjà émise en 2005 comme ministre de l’Intérieur - Nicolas Sarkozy touche à ce qu’il qualifie lui-même volontiers de " sacrosaint statut français " du fonctionnaire. Un "métier noble" exercé par des agents "de qualité", poursuit néanmoins le président. Pas sûr que le compliment suffise à rassurer les quelque 850.0000 contractuels de la Fonction publique, notamment après l’adoption définitive aujourd’hui par le Parlement du projet de loi de finances pour 2011 qui prévoit une réduction du nombre de fonctionnaires. "Depuis 1992, la France a créé un million de postes de fonctionnaires en plus. Si vous voulez croire qu’on peut embaucher plus de fonctionnaires, je respecte mais je ne serai pas complice", a conclu le président de la République, défendant une nouvelle fois sa politique de réduction des dépenses de l’État.

http://www.france-info.com/france-politique-2010-11-25-nicolas-sarkozy-propose-un-nouveau-statut-du-fonctionnaire-multi-499445-9-10.html 

Les bâfreurs du Siècle sont sur la sellette

Nicole Notat, l'ex-secrétaire générale de la CFDT sera la prochaine présidente du Siècle. Elle succédera à Denis Kessler, ancien numéro deux du MEDEF.
© REUTERS / Pascal Rossignol







25 Novembre 2010 Par Jean-Pierre Anselme

Pour vivre heureuse, la nomenklatura hexagonale préfère vivre cachée. C'est sans compter avec les manifestants qui ont perturbé le dîner de son club, le Siècle, pour la deuxième fois consécutive, dans la soirée du mercredi 24 novembre.

REPORTAGE « On va les encager ! » beugle un gradé des CRS à son escouade de Robocops. À 21h05, ce mercredi 24 novembre, sous un crachin glacial, les très nombreuses forces de police attroupées sur la place de la Concorde et à proximité (au moins une vingtaine de camionnettes de CRS et de gardes mobiles) passent à l'action. Objectif : virer les quelque 300 manifestants venus protester (pacifiquement) contre le dîner du Siècle, dans les somptueux locaux de l'Automobile Club de France (l'AFC). En une petite heure, consciencieusement, la force publique va encercler une partie des manifestants, en embarquer une trentaine (selon l'AFP), en contrôler d'autres (face au mur, mains en l'air, jambes écartées), pourchasser et arrêter sans ménagement quelques fuyards... À 22 h, mission accomplie : devant l'entrée de l'Automobile Club, à moins de 200 pas de l'endroit où fût guillotiné Louis XVI, quelques luxueuses limousines insouciamment garées par leurs chauffeurs témoignent de l'empressement à faire place nette du préfet de police de Paris (injoignable hier soir). Mais pourquoi tant de zèle, et qui plus est pour une réunion privée ?

Les jetés de cotillons, d'œufs, de paquets de farine, d'assiettes en carton ou de rouleaux hygiéniques en direction des invités arrivant au dîner, les sifflets, les huées, les slogans (« À bas l'État, les flics et les patrons ! », « De l'argent, il y en, a dans les caisses du patronat ! », « Hortefeux, Croix de feu ! »...), les invectives (« On crache dans vos assiettes ! », « Nous aussi on veut du champagne et du caviar ! », « Vous serez tous pendus ! », « Bande de cochons ! », « On va vous faire tourner en bourrique ! », « On va pas vous lâcher, on sera partout ! »... ), le tout au rythme enivrant des tambours, n'expliquent pas la frénésie policière contre une manifestation somme toute pacifique et bon enfant.

C'est que s'attaquer au Siècle c'est s'en prendre au comité central de l'élite, là où s'agglomèrent les quelques centaines de ci-devant de la République. Rois de l'économie et de la finance, princes de la haute administration, seigneurs de la politique (de droite et de gauche), barons des médias et de l'édition, chevaliers de l'intellectuelle courbette, vassaux du syndicalisme... ils sont 550 environ, et quelque 200 stagiaires, à avoir l'insigne privilège d'être invités à banqueter tous les quatrièmes mercredi du mois dans un des plus hauts lieux de sociabilité de la classe dominante. C'est là que se préparent entre gens de bonne compagnie les contre-réformes libérales qui seront ensuite votées par les « représentants du peuple » et promues par les médias de connivence. C'est là que, depuis plus de soixante ans, les apparatchiks de la classe dirigeante décident de la vie des Français. En toute discrétion.

Jusqu'à ce qu'une poignée de guérilleros viennent déranger tout ce beau monde. « Le Siècle, c'est une société secrète : on n'a pas le droit de dire ce qui s'y passe ou de rapporter ce qui s'y dit », dénonçait hier soir le journaliste et réalisateur Michel Fizbin, l'un des initiateurs de la manifestation avec Pierre Carles, journaliste et documentariste. « On peut donc légitimement penser que ce n'est pas avouable. Alors que les journalistes s'y pressent à titre privé, c'est scandaleux. Ils n'ont rien à y faire et nous, nous sommes là pour faire du bruit car on veut qu'ils aient honte. » Le fait est, qu'à la différence de la première manifestation, à la fin octobre, où les manifestants avaient alors chahuté sans agressivité des journalistes comme Emmanuel Chain ou Arlette Chabot, mercredi soir, selon l'AFP, aucun journaliste connu n'a été aperçu entrant dans les locaux de l'ACF.

La dénonciation de journalistes courtisans aura servi de vecteur à la remise en cause du Siècle lui-même, comme en témoigne l'appel au « petit peuple » à se mêler à ses « agapes » par le Collectif Fini les Concessions-Branche Armée... de Patience (CFC-BAP). Comme l'exprimaient mercredi soir de nombreux manifestants. Tel Julien, étudiant, venu pour « les déranger quand ils viennent discrètement se rassembler pour faire leur petite cuisine et leurs manipulations ». Ou Annie, infirmière, qui s'insurge de ce « qu'on leur donne à manger et qu'on n'est pas invité, alors que c'est nous qui payons le dîner et qu'on n'est même pas à table ». Et Charlotte, universitaire, qui dénonce « tous ces gens, ces politiciens, patrons, journalistes qui discutent de pas mal de choses contrairement à ce qui peut se passer à l'Assemblée nationale ». Julie, étudiante, est là « parce que ce soir il y a une réunion avec tous les grands patrons et des gens de l'UMP et du Parti socialistes qui vont prendre des grandes décisions et on n'est pas d'accord avec ça, qu'ils prennent des décisions sans nous concerter, de plus dans un endroit luxueux à boire du champagne ».

Frédérique, historien, proclame que « ce sont les minorités actives qui maintiennent la flamme de la lutte pour la vie, elles font l'Histoire, on est en train de faire l'Histoire. C'est absolument génial d'être là ce soir, il faut qu'il y ait le maximum de peuple, c'est nous qui sommes la République ! »

80 manifestants le mercredi 27 octobre.

300 manifestants le 24 novembre.

Rendez-vous au prochain dîner du Siècle.


http://www.mediapart.fr/club/blog/jean-pierre-anselme/251110/les-bafreurs-du-siecle-sont-sur-la-sellette

Dîner du siècle: œufs, farine et quolibets pour les puissants, garde à vue pour les manifestants

Hier soir, le rassemblement du petit Bilderberg français, le dîner du Siècle, a été copieusement chahuté. Récits croisés de trois confrères présents sur les lieux, Jean-Pierre Anselme, Michel Soudais et Hervé Kempf.

http://www.mediapart.fr/club/blog/jean-rex/261110/diner-du-siecle-oeufs-farine-et-quolibets-pour-les-puissants-garde-vue-pou