Ce collectif autunois a été crée le 22 Octobre 2010 par des autunois qui sont des syndicalistes, des personnes oeuvrant socialement ou de simples citoyens.Le but de ce collectif est de ne plus laisser une poignée de nos dirigeants supprimer nos acquis sociaux.C'est aussi refuser de supprimer à court terme notre système de retraite par répartition et de le livrer à la capitalisation.

Bref, vous l'aurez compris, c'est un collectif de résistance au système capitaliste.

vendredi 31 décembre 2010

L’empreinte de Tours


«Aujourd’hui, les événements, plus forts que les hommes, ont décidé. Et ce n’est pas sans une profonde tristesse qu’un socialiste peut enregistrer ceux d’hier et qu’il envisage ceux que nous réserve demain. » Dans son dernier article expédié du congrès de Tours, Marcel Cachin, le directeur de l’Humanité, n’embouchait pas les trompettes de l’allégresse. Dans cette époque, les fantômes des millions de jeunes hommes tués dans la boue des tranchées hantent le mouvement ouvrier et le monde paysan. Pour avoir trahi Jaurès en France et fait assassiner en janvier 1919 Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en Allemagne, la IIe Internationale s’est discréditée. Elle était déjà morte avant que le congrès ne s’ouvrît. Les sabreurs tenaient toujours le haut du pavé et des manifestants étaient régulièrement tués les 1er Mai dans le Paris de 1920. Sur ce sombre tableau, la révolution russe victorieuse fut ressentie comme un appel d’air et d’espérance. Moins de cinquante ans après l’écrasement de la Commune, l’écho d’octobre 1917 avait sans doute plus de résonance auprès des héritiers de la Révolution française que dans d’autres pays d’Europe. Cette singularité explique largement pourquoi le Parti socialiste français fut le seul en Europe à décider à une large majorité d’adhérer à la nouvelle Internationale.

Le congrès de Tours formalise et entérine une pluralité au sein de la gauche française qui a marqué la vie politique tout au long du XXe siècle. Radicalité et ambition transformatrice, démarche d’inclusion dans l’action et la représentation politiques des couches sociales qui en étaient exclues caractérisent l’histoire du communisme français. Et laissent une empreinte plus forte que les illusions trop longtemps nourries par la conception soviétique plombée par le stalinisme qui régissait le pays du « socialisme réel ». Mais c’est pourtant à cette aune extraordinairement réductrice que nombre de « fabienologues » annoncent à intervalles réguliers la mort du PCF.

À la vérité, si nul ne peut prévoir l’évolution à long terme des forces politiques en France, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les décisions de Tours répondaient à l’attente des plus exploités d’une force de résistance et d’alternative. Le monde a changé pour toutes les formations politiques, qui ont enregistré bien des échecs et suscité bien des déceptions. La question est aujourd’hui de savoir si la société a besoin d’une force luttant pour la transformation sociale et le rassemblement. La crise du capitalisme et la violence de classe de la politique de la droite d’aujourd’hui incitent à penser que oui.

Les sabreurs tenaient toujours le haut du pavé et des manifestants étaient régulièrement tués les 1er Mai dans le Paris de 1920.

Jean-Paul Piérot

http://www.humanite.fr/29_12_2010-l’empreinte-de-tours-461044

Attentat Sonique – Revendiqué et téléchargement libre

Salut camarades humains,
Camarades parce que le terme s’adresse autant aux Terriennes qu’aux Terriens, ensuite…

Nous sommes une colonne de fourmis rouges et noires, une brigade de percussionnistes qui opèrent principalement en future-ex-Belgique, ce n’est donc ni un long texte ni une fracassante analyse que nous vous proposerons ici mais un rythme.

Nous sommes Le Rythme des Fourmis!

Notre modeste contribution à la révolte qui gronde est faite de sons, de métal et de sang.
Votre détermination, vos mobilisations, ici, en France, Grèce, Espagne, Angleterre, Italie et ailleurs inspirent et résonnent, nos fûts sonnent l’appel! Il ne s’agit pas de manœuvre virale mais d’action directe sonique et militante, d’un cadeau sincère à ceux qui se lèvent -tôt ou tard- et résistent (Et qui accessoirement apprécient le chant des bidons)!

Une bande son pour barricades? Le rythme s’appelle : "No Pasaran!".

En vous souhaitant d’heureuses luttes des classes en 2011!
Bien à vous,
Sincère Trophallaxie.

Le Rythme des Fourmis.

Écouter "NO PASARAN! Tout le pouvoir aux conseils -remix//


Cliquez le lien ci dessous pour écouter et télécharger* :

NO PASARAN! – Tout le pouvoir aux conseils –electro-mix / Le Rythme des Fourmis//

*l’utilisation d’une page intermédiaire est nécessaire afin de nous permettre d’y renouveler les liens vers les services gratuits de téléchargement si nécessaire.

PS : Par avance, petit contre-argumentaire destiné aux camarades cigales :
La culture se limite-elle à l’écrit et l’image ou à la bande son d’un documentaire?
Non, il n’existe pas "d’autres sites pour ça", pas à gauche, pas avec une véritable audience.
La réaction et ses produits disposent de milles canaux ; de nos ruisseaux faisons des fleuves!
Les artistes sont en première ligne sur le front de la précarité flexible, combien de temps encore les camarades salariés attendrons du bénévolat discret là ou le capital sur-diffuse et rétribue?
Et pourtant ni ici, ni sur la page de téléchargement liée vous ne trouverez d’option "acheter".
Imaginez maintenant une révolution sans rythmes, danses ni musique…
D’ici là certains sont putains d’usine, nous de la société du spectacle, tous du capital.
Briser ces carcans c’est par exemple offrir et vous soutenir de quelques rythmes bien frappés et nous permettre de le faire, merci, dont acte.



De : Le Rythme des Fourmis

Enfance Expulsée : fresque murale effacée à Pau

Cette fresque doit devenir un symbole

Enfance Expulsée : fresque murale effacée à Pau


« On n’efface pas la honte !!! Nous étions hier dans le froid à Billère, dans la banlieue de Pau, avec tout le ban et l’arrière ban des militants pour dire au-revoir à cette fresque que le maire avait commandée à des artistes bordelais pour commémorer le mauvais sort fait aux enfants expulsés par le pouvoir actuel.

Lui dire au-revoir parce que sur plainte du préfet Rey, le tribunal administratif a condamné la mairie à effacer cette fresque murale, au prétexte que cette commande officielle ne respectait pas son obligation de "neutralité". Mais comment rester neutre devant l’inanité de ces expulsions perpétrées pour la seule satisfaction d’expulser et de le faire savoir à ceux qui veulent l’entendre ?

Depuis la destruction des bouddhas par les talibans, c’est la première destruction officielle d’une oeuvre d’art à la demande d’une autorité. On a les modèles que l’on peut. Mais cet autodafé imbécile ne tuera pas la fresque, car si l’on peut effacer le mot honte, on n’efface pas la honte elle même. Reproduite avec l’autorisation des artistes, la fresque refleurit déjà sur des t-shirts.»

Reproduisons-la donc, tous, partout, sur cartes postales, sur nos tracts,affiches, t-shirts. Utilisez-la comme cartes de vœux…

Et remercions le préfet REY, apprenti sorcier pris à son propre piège qui, en croyant l’effacer, n’aura fait que la faire fleurir et essaimer. Et nous aura conforté dans notre lutte pour ces deux valeurs qui semblent lui faire si peur, celles de partage et de solidarité.

http://www.educationsansfrontieres.org/article33260.html

«Je veux vivre dans un pays où il n’y a pas d’excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu’on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu’on n’attende plus jamais personne à la porte d’un hôtel de ville pour l’arrêter, pour l’expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
Je veux que l’immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s’épanouir.»

Pablo Neruda

 Billère : la fresque des expulsés va se multiplier :http://www.educationsansfrontieres.org/article33267.html


jeudi 30 décembre 2010

Le chemin

J’avais, en fac, un ami qui s’appelait Louis. Un gothique, comme il se définissait lui-même. C’est à dire un grand garçon pâle et mince, toujours habillé en noir, avec une petite touche de lugubre qui rendait son accent toulousain délicieusement incongru.


J’aimais bien passer du temps avec lui, parce qu’en dehors de ses grandes envolées torturées, il avait un rapport au monde totalement épatant de mon point de vue : une communication intégrale. Le monde parlait à Louis. Pas seulement le monde sensible des gens qui racontent des histoires et qui échangent des mots. Non, l’ensemble du monde, celui des objets, du temps qui passe, de celui qu’il fait, tout était totalement limpide et déchiffrable pour lui. Régulièrement, il se figeait au milieu d’une phrase, d’un geste, rentrait dans une intense phase contemplative, puis, brusquement, sa physionomie torturée s’éclairait et il explosait immanquablement dans un grand et emphatique : "mais c’est un signe !"

Tout était signifiant pour lui : la moindre coïncidence, une certaine dissonance dans la voix, la manière dont sa fourchette retombait, quelques mots bredouillés hâtivement sur un pas-de-porte, une lettre, un coup de fil, la danse du vent dans les arbres qui bordent le canal du Midi, une tournée offerte, un coup de main refusé, une baguette trop cuite, le chuintement du bus à soufflets lorsque les freins relâchaient la pression, les bons moments comme les pires, tout, absolument tout était un signe pour Louis. C’était cette singularité que je goûtais particulièrement en lui, plus que sa sévère extravagance vestimentaire ou ces faux airs de rescapés de film d’épouvante des années 30. La certitude que le monde lui parlait, à lui, et à personne d’autre, et lui montrait la voie à suivre et les impasses à éviter.

Parce qu’à l’autre bout du spectre humain, il y avait moi. Moi, et ma manie de l’épreuve de doute. Moi et mon absence de certitude. Moi et mon angoisse immense du lendemain. Hériter de seulement quelques électrons libres de la foi aveugle de Louis en la force de son destin et des multiples indices que celui-ci aurait laissés à son intention à la surface du monde et sous celle des choses, comme une sorte de Petit Poucet fébrile, aurait grandement soulagé le cours de mon existence de mes tâtonnements poisseux d’aveugle perdue au pays des sphinx.

Pour moi, la vie revient à participer à l’épreuve du slalom géant les yeux bandés et les oreilles bouchées, à conduire sa barque sans boussole, sans rame et sans gouvernail dans un épais brouillard qui rend hypothétique jusqu’à l’idée même de l’océan infini qui te porte et te cerne. C’est un peu comme être un bébé dans un monde de vieillards, en ignorant tout de la nature intime des gens et des objets, c’est être un ignorant dans un monde de savants, c’est avoir avant tout conscience de son extrême limitation, de ses lacunes et de son insuffisance.
Le monde est flou, et pas seulement parce que je suis myope.

Devant l’absence de sens que l’on peut donner à la plupart des actes, devant le manque de lisibilité qui te laisse démuni dans un univers de complexité, toute nécessité de choix devient une torture, parce que chaque décision en vaut une autre dans la mesure où il est à la fois impossible d’avoir assez d’éléments préalables pour avoir un avis éclairé, que d’avoir la moindre chance d’appréhender le champ des possibles et plus, encore, celui des conséquences. Cette myopie métaphysique est un boulet qui m’entrave depuis toujours. Comment choisir sans savoir si une décision est finalement importante ou dérisoire, si l’on voit juste ou si l’on se plante ? Or vivre, c’est choisir et le simple fait de ne pas arriver à choisir, à décider, et déjà un choix en soi, mais un choix subi, un choix dont la peur nous a dépossédé.

Tout le monde n’est pas comme Louis ou moi. Mais chacun porte en lui un mélange subtil de nos deux névroses, dans une alchimie plus ou moins réussie : certains traversent la vie comme un casino géant, misant beaucoup, sur tout et n'importe quoi, certains raflent le pot et d’autres se retrouvent en slip sur le trottoir. D’autres encore se laissent guider par leurs envies, leurs pulsions, leur instinct, leur bonne étoile et leur indécrottable foi dans le fait qu’il ne peut rien leur arriver de fâcheux et traversent l’existence dans une sublime lévitation. D’autres tergiversent, se torturent et se ramassent, à la pelle ou la petite cuillère. Peu importe. On cherche tous à mener notre barque dans le chaos de la vie, avec plus ou moins de bonheur.

Wrong way

Plus jeune encore que du temps de Louis, j’avais une belle affinité avec les jeux d’arcade. Particulièrement les jeux de course de voitures. Une aisance que mon père avait largement subventionnée à la salle de jeux de notre lieu de villégiature, du temps où je n’aimais guère lézarder à la plage et où je préférais humilier les garçons en jouant à la fille nunuche dans l’univers des gamers avant de les mettre Fanny dans une compétition acharnée. J’étais une pure terreur à Pole Position, j’étais à Out Run ce que Tom Cruise était à Top Gun.
C’est dire.

Ce qui était passionnant, dans l’univers des circuits (même imprimés), c’est que le chemin était balisé. Et un chemin bien balisé, bien lisible avec un sens à suivre, déjà, à l’époque, c’était monstrueusement rassurant pour moi. Sur mes jeux fétiches, je connaissais chaque courbe, chaque chicane, que j’anticipais afin de tracer la trajectoire parfaite. Et quand, par inadvertance, mon véhicule faisait un tête à queue et repartait dans l’autre sens, il y avait alors un énorme Wrong way rouge qui clignotait et barrait l’écran. Un signal fort et facilement déchiffrable, même du temps où ma maîtrise de la langue de Shakespeare était un peu molle du genou. Et après toutes ces années, c’est finalement ce qui me manque le plus. Un énorme Wrong Way qui clignote dans l’azur, un foutu signe, comme le bramerait Louis dans un grand éclat de rire.

Et si, finalement, Louis avait eu raison depuis le début et que je n’avais été qu’atteinte d’une cécité hystérique chère à papa Freud ? Et si, en fait, l’absolue régularité avec laquelle je me plante dans la vie n’était rien d’autre qu’un gigantesque et obscène Wrong way qui m’interpelle avec insistance du tréfonds de mon obscure petite existence de mécréante ? D’un point de vue purement empirique, la constance de l’échec est le signe le plus évident, le plus incontournable et le plus implacable qu’on est en train de faire fausse route dans la vie.

Bien sûr, d’aucuns me susurreront que l’approche d’une certaine échéance me rend un peu plus sensible à l’inclination naturelle que certains d’entre nous ont à l’autoflagellation et au bilan négatif. Certes. Mais la recette de Louis n’est ni meilleure, ni pire qu’une autre pour guider une existence humaine et vu les résultats tangibles de la mienne, il est peut-être temps de se décider à jouer la carte du changement.
Et à ouvrir bien grand les yeux pour ne pas rater les signes, positifs, cette fois, qui pourraient paver mon futur chemin de vie, avant même qu’il ne soit tracé

Par Agnès Maillard le jeudi 30 décembre 2010 http://blog.monolecte.fr/post/2010/12/30/Le-chemin

Précarité : comment Sarkozy veut calmer la grogne sociale


A l'inquiétude sociale, la réforme des retraites votée en novembre 2010 a ajouté l'amertume. Si elle n'a pas paralysé l'activité économique du pays comme à l'automne 1995 (crise oblige), la grogne sociale a été manifeste, durable et de grande ampleur. Même l'entourage du président l'a reconnu. En 2007, le candidat Sarkozy affichait déjà sa compréhension : « je sais que le chômage et, plus largement, la précarité du travail, sont votre principale préoccupation.» Et il promettait de réduire la pauvreté en ramenant la France au travail. Quatre ans plus tard, l'argument se veut plus discret. Il faut masquer l'ampleur de la précarité, car le gouvernement a décidé de serrer progressivement la vis en matière de dépenses sociales.

La précarité est massive mais cachée 
 
On ne sait plus comment mesurer la précarité. Les statistiques se succèdent, et elles donnent le tournis. D'un simple point de vue économique, les estimations sont tout aussi nombreuses et diverses. Au total, un tiers des Français adultes peuvent être considérés comme précaires. Ce constat, rappelé par Gérard Courtois dans le Monde, provient du dernier rapport de Jean-Paul Delevoye, ex-RPR, Mediateur de la République devenu en septembre dernier président du Conseil économique et social par la grâce de Sarkozy lui-même. Delevoye chiffrait à 15 millions, «le nombre de personnes pour lesquelles les fins de mois se jouent à 50 ou 100 euros près.»

En matière d'emploi, les véritables bilans sont souvent publiés très tardivement. Exception faite des traditionnels bulletins sur le chômage enregistré par Pôle emploi, le ministère du travail livre ses riches informations au compte-goutte. Ainsi, il fallut attendre août 2010 pour lire le bilan de l’année 2009 « Emploi, chômage, population active », juin 2010 (c'est-à-dire après l'annonce des mesures gouvernementales en matière de retraites) pour celui de l'emploi et chômage des 50-64 ans en 2009, septembre 2010 pour celui sur « les allocataires du régime de solidarité nationale entre 2005 et 2008 ». Et le seul bilan de la politique d'apprentissage publié à ce jour par la Dares concerne... l'année 2008. Tarder à livrer les évaluations chiffrées de sa propre politique est la première, et la plus sinistre, réponse au problème de la précarité.

On sait cependant que le manque d'emploi, avec tout ce qu'il entraîne de précarité économique, frappe près de 6 millions de personnes : 4,6 millions sont enregistrées chez Pôle emploi, dont 3 millions sans aucune activité ; s'ajoutent ensuite les temps partiels contraints et le chômage technique partiel en entreprise, tous deux évalués à près de 1,4 million de personnes en 2009, et le chômage non enregistré, chiffré à 850 000 personnes par la Dares pour 2009. En 2010, le chômage partiel a diminué, mais reste à un niveau élevé. Pour cet exercice, les données se font rares. En fouillant les statistiques de la Dares, au ministère du Travail, on trouve une estimation des stocks mensuels d'heures autorisées d’activité partielle, c'est-à-dire le volume d'heures de chômage technique éligibles à indemnisation, telles qu'enregistrées par les directions départementales du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle. Que constate-t-on ? D'août à novembre 2010 (dernier mois connu), le volume d'heures autorisées en chômage partiel était d'environ 6 millions d'heures par mois. Un niveau nettement inférieur au pic de la crise (juin 2009 : 26 millions), mais toujours 10 fois supérieurs aux niveaux constatés avant août 2008.

En matière de revenus, un tiers des salariés français gagnent moins que le SMIC. L'INSEE complète le tableau avec ses évaluations sur la répartition des revenus des ménages : en 2008 (dernière information publiée, en décembre 2010), l'institut estimait que le revenu moyen par Français, toutes catégories confondues (soit 60 millions d'individus), s'élevait à 22 110 euros. 50% des Français vivaient avec moins de 19 000 euros par an. On relève ainsi que 5 millions de Français en famille mono-parentale vivent avec 15 500 euros de revenus moyens annuels (dont 900 000 femmes inactives avec 12 000 euros par an) et 1,1 million d'adultes seuls et inactifs avec 17 000 euros en moyenne par an. En zoomant encore un peu plus, on se rappelle que la pauvreté, telle que mesurée par l'INSEE, concerne 12,9% de la population (chiffres 2009). Autre indicateur, on estime à 5 millions le nombre de Français sans mutuelle complémentaire.

En ces temps pré-électoraux, on parle beaucoup de l'électorat populaire qui ferait défaut désormais à Nicolas Sarkozy. En 2007, on le résuma à cette « France qui se lève tôt » et qui n'aime pas qu'on vandalise ses cages d'escaliers. Mais les classes dites populaires sont bien différentes des clichés sarkozyens. Elles sont mal décrites par ces statistiques globalisantes. « La France populaire, celle des ateliers et des usines n’est plus celle des grandes métropoles mais une France périphérique, soit périurbaine, soit rurale » rappelaient deux chercheurs de la Fondation Res Publica, dans une tribune récente publiée par Libération. Le rabaissement d'une large frange du salariat d'employé à un rôle d'exécution pure, le très fort taux de chômage qui frappe ces milieux populaires, la perte de repères d'identification sociale à cause du jargon mondialisé actuel sont autant de symptômes de ces précarités mal définies et peu mesurées. D'une façon générale, la précarité en milieu rural (11 millions de personnes d'après l'IGAS) est très mal documentée. Le monde rural, lui, est caricaturé par l'argumentaire sarkozyen.


La rigueur est presque là 
 
Le budget adopté pour l'Etat en 2011 ne représente pas l'immense cure d'austérité que d'aucuns, à droite (avec regret) ou à gauche (avec crainte), voudraient nous faire croire. Mais ce budget intègre nombre de réductions de dépenses sociales et de restrictions qui feront mal aux plus modestes.

En matière de dépenses, les dépenses d'intervention (subventions, aides sociales, etc) ne diminueront que de 1%, à 58,9 milliards. Quelle statistique ! Au gouvernement, on confie déjà que le retour au quasi-équilibre budgétaire d'ici 2013 devra nécessiter davantage d'efforts que ceux déjà décidés : « le gouvernement n'a rien fait pour arrêter la dérive des prestations sociales », traduit la journaliste Cécile Crouzel, dans le Figaro du 29 décembre. Et elle rappelle, par exemple, que François Baroin avait été empêché en septembre dernier de supprimer le cumul de l'allocation personnalisée au logement (APL) avec la demi-part de quotient familial, voire de limiter la revalorisation de l'allocation Adulte Handicapé. Mais il a quand même réussi à faire passer une réduction d'environ 15% des crédits de la politique de l'emploi. Et il n'y a pas de petites économies : l'aide juridictionnelle, jusqu'alors gratuite pour les bénéficiaires, sera désormais facturée 8,84 euros pour chaque plaidoirie ou représentation aux audiences de jugement. Autre exemple, le Conseil Constitutionnel a rejeté mardi 28 décembre le recours socialiste contre le nouveau droit d'entrée de 30 euros, voté par les députés UMP, qui sera exigible des bénéficiaires de l'Aide Médicale d'Etat, la couverture de santé gratuite offerte aux étrangers sans-papiers de faible ressources. Motif du rejet : « le paiement du droit de timbre (...) ne conditionne pas l'accès gratuit aux soins urgents » et, eu égard à son « faible montant », il « ne remet pas en cause les exigences constitutionnelles » de protection de la santé.

L'éducation, premier service public de l'Etat, sera l'an prochain la première victime des réductions de postes mises en oeuvre au nom de la Révision Générale des Politiques Publiques. L'école primaire, à laquelle la France consacre 15% de moins que la moyenne des pays de l'OCDE (cf. Le Monde du 29 décembre ), perdra 8 967 postes d'enseignants l'an prochain. Le second degré baissera de 5 400 postes, dont 4 800 enseignants. Le ministère de l'Education nationale annonce pourtant une hausse prévisionnelle de 48 500 élèves l'an prochain. La cartographie des 16 000 nouvelles suppressions de postes (plus de 66 000 depuis 2007) témoigne également de curieuses préoccupations sociales : l'académie de Lille sera la plus touchée avec 806 postes supprimés (premier + second degrés).

En matière d'impôt, les ménages subiront environ 5 milliards d'euros d'impôts supplémentaires en 2011, sur les 11 milliards de nouveaux prélèvements votés à l'automne. La plus visible sera la hausse de la TVA sur les forfaits ADSL, d'environ 1 milliard d'euros.

En matière de santé, les ménages les plus modestes subiront de plein fouet les restrictions de dépenses votées en fin d'année : à compter du 1er janvier 2011, le taux de remboursement des médicaments à vignette bleue passera ainsi de 35 à 30%. « Les particuliers ne disposant pas de mutuelle ou d'assurance santé devront s'acquitter du reste à charge », rappelle le Parisien ; le tarif de la consultation des médecins généralistes passera à 23 euros, contre 22 euros actuellement, un cadeau décidé par Nicolas Sarkozy le 16 avril dernier ; le forfait hospitalier va également augmenter. Pour celles et ceux qui disposent d'une mutuelle, son tarif devrait augmenter de 2 à 5% en 2011, notamment en matière de santé où ces établissements répercuteront ainsi la nouvelle taxe sur les contrats responsables et solidaires (soit plus de 95% des complémentaires en France) décidée par le gouvernement. En 2008, il était en moyenne de 618 euros par an, contre 407 euros sept ans plus tôt.

Sarkozy et ses ministres « meublent »
Face à une précarité massive mais diffuse, avec des marges de manoeuvre budgétaire (volontairement) limitée, le gouvernement Sarkozy est quasiment contraint au « sur-place » en matière sociale. Il faut parler, concerter, discuter, mais surtout ne rien promettre. Les caisses sont vides ! D'ici à la campagne présidentielle officielle, le gouvernement devra donc faire traîner le sujet social, faute de moyens et d'ambitions. Il faut meubler.

La première action de Nicolas Sarkozy fut de s'adresser à de multiples reprises au monde agricole. Lors d'une dizaine de déplacements en 2010, le Monarque élyséen a fait mine de s'intéresser aux difficultés du monde rural. On lui avait expliqué que sa cote de popularité chez les agriculteurs avait sacrément baissé. Sarkozy, donc, tenta de nous dépeindre une réalité rurale héritée du 19ème siècle. A chaque visite, il choisit des thèmes quasi-identitaires d'un autre temps. La ruralité d'aujourd'hui est bien différente. Mais le story-telling sarkozyen vise à encadrer notre vision de la réalité.

La seconde mesure symbolique, si inutile que personne ne l'a commentée, fut la création du ministère des Solidarités Actives, confié à Roselyne Bachelot lors du dernier remaniement. La nouvelle ministre devait « incarner » les ambitions sociales du président-candidat. Son gros chantier est la prise en charge de la dépendance. Sur le sujet, le travail d'intoxication a déjà débuté. Dans un premier temps, Sarkozy, Fillon puis Bachelot lancèrent des chiffres alarmistes (30 milliards d'euros d'ici 3 ans ), puis quelques pistes très ouvertes, comme celle de l'assurance privée. Puis, rapidement, la ministre Roselyne a « ciblé » ses objectifs : les « classes moyennes modestes », trop riches pour se bénéficier des minima sociaux, trop pauvres pour assumer seules le coût de la dépendance de leurs aînés; et les départements à ressources fiscales faibles, « essentiellement ruraux », qui ont du mal à financer leur quote-part de la dépendance.

La même Bachelot s'est déclarée décidée à ... se donner 6 mois pour ajuster le RSA jeunes. On croit rêver. Dès l'annonce de l'extension du RSA aux jeunes de moins de 25 ans, on savait qu'il ne concernerait que très peu de personnes. Les critères d'attribution étaient redoutables : il faut justifier de deux ans de travail à temps complet sur les trois années précédentes ! A peine 4 000 jeunes en bénéficient donc, alors que François Fillon, déjà premier ministre, nous en promettait 160 000 ! Mais pour Roselyne, il faut « commencer par identifier ce qui est à l'origine des difficultés. » En d'autres termes, ... gagner du temps !

La troisième action « sociale » du gouvernement fut le lancement de « concertations » sur l'emploi. Xavier Bertrand a bien l'intention d'occuper le terrain. A l'occasion de la publication des mauvais chiffres du chômage de novembre 2010, le ministre du travail Xavier Bertrand a donné l'exemple. Il a rappelé les consignes présidentielles : il faut cibler « les publics les plus fragiles au regard de l’emploi : les jeunes, les salariés peu qualifiés, les salariés ayant fait l'objet d'un licenciement économique et les chômeurs de longue durée. » En d'autres termes, il s'agit d'identifier quelques « niches », pour éviter de globaliser le problème et affronter ses propres échecs. Avec Nadine Morano il a ainsi entamé, le 20 décembre dernier, une concertation sur l'emploi des jeunes. Sarkozy avait promis d'augmenter le nombre de jeunes embauchés en alternance. Le 20 décembre, Xavier Bertrand aimerait simplifier les dispositifs existants, pour faire passer leur nombre de 600.000 actuellement à 800.000 en 2015. Il a aussi laisser entendre que la prime de 1 800 euros décidée en 2008 pour toute embauche d'un jeune en alternance ne serait pas coupée nette, mais de façon différenciée selon les profils. Le 24 janvier, Xavier Bertrand organisera également un « séminaire sur la revitalisation des territoires », une journée de « partages d'expériences », d'« échanges sur les motivations et résultats », et de tables rondes avec « des représentants des financeurs, des collectivités territoriales et de l’Etat ainsi que de la Commission Européenne. »

La quatrième action sera, à l'approche de l'élection présidentielle, de réactiver le sujet sécuritaire. Le discours de Grenoble fut un galop d'essai. La lutte contre l'insécurité est l'ADN politique de Nicolas Sarkozy. A quelques mois du scrutin, parions qu'il ressortira quelques promesses choc.

En résumé, la tactique sociale du gouvernement pour l'année qui vient est assez simple : primo, concerter pour montrer qu'on se préoccupe des problèmes; secundo, promettre un bilan dans quelques mois (idéalement 12, a minima 6) quand une critique se fait trop virulente ; tertio, divertir l'attention sur des débats connexes et parallèles.


Ami sarkozyste, où es-tu ? Concerte-toi.

http://www.marianne2.fr/sarkofrance/

"Indignez-vous !" de Stéphane Hessel, cri de ralliement de 800.000 lecteurs



Avec un tirage de plus de 800.000 exemplaires, "Indignez-vous !" de Stéphane Hessel est devenu, bien plus qu'un succès exceptionnel de librairie, un phénomène de société, une vague de fond qui semble cristalliser le malaise des Français et bien au-delà.

Tiré à 8.000 exemplaires lors de sa sortie le 20 octobre, le livre de Stéphane Hessel, ancien ambassadeur et résistant de 93 ans, caracole depuis en tête des ventes, devançant le Goncourt de Michel Houellebecq.

"La demande s'amplifie encore, nous lançons un nouveau tirage de 300.000 exemplaires pour atteindre maintenant plus de 800.000", se réjouit Jean-Pierre Barou, qui dirige avec Sylvie Crossman la petite maison d'édition Indigène, qu'ils ont fondée en 1996 à Montpellier.

Cet opus de 24 pages, vendu 3 euros, "est très critique vis-à-vis du gouvernement et a rencontré l'indignation d'une grande partie des Français. C'est un cri de ralliement dû à un sursaut moral, presque un nouvel Appel du 18 juin !", s'enflamme-t-il.

"C'est exceptionnel, sans précédent, bien au-delà d'un succès de librairie. C'est un phénomène de société, une vague de fond, le message qu'attendaient les Français", dit à l'AFP cet ancien militant de la Gauche prolétarienne qui a participé à la fondation du quotidien Libération avant de devenir éditeur au Seuil.

"Vive les citoyens et les citoyennes qui savent résister !", lance Stéphane Hessel dans des voeux pour 2011 publiés jeudi par Mediapart. "N'attendons pas. Résistons à un président dont les voeux ne sont plus crédibles", déclare-t-il.

L'effet Hessel dépasse largement les frontières de l'Hexagone. Son éditeur reçoit des appels du monde entier et des traductions sont en projet avec la Slovénie, l'Italie, le Liban, la Corée du sud, le Japon, les Etats-Unis.

Pour le philosophe et sociologue Edgar Morin, "c'est le réveil public d'un peuple qui était jusqu'à présent très passif".

Bientôt centenaire mais indigné comme à vingt ans, Stéphane Hessel dénonce dans son livre l’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, le traitement fait aux sans-papiers et aux Roms, la dictature des marchés financiers, les acquis bradés de la Résistance comme la Sécurité sociale et les retraites.

Justement, les manifestations contre la réforme des retraites, le malaise des enseignants, des salariés, les multiples formes de la désobéissance civile : "tout cela marque un climat dans lequel ces vingt pages simples mais relativement fortes sont reçues comme un message d’espoir", analyse l'auteur dans un entretien récent aux Inrocks.

"Ce qui me redonne un peu d’espoir, c’est la façon dont la gauche française retrouve un certain souffle", ajoute-t-il.

Pour Jean-Pierre Barou, "l'indignation de Stéphane Hessel passe par la raison, elle n'est pas épidermique comme celle d'un Eric Cantona et son appel à vider les banques".

"Ce livre arrive à un moment où les gens attendaient un guide, un message. Ce qu'il dit, c'est tout n'est pas foutu, il faut réagir !", dit Jean-Marie Sevestre, patron de la librairie Sauramps à Montpellier, qui vend "de 300 à 400 exemplaires du livre par jour".

Né en 1917 à Berlin, naturalisé français en 1937, Stéphane Hessel a été résistant, déporté, membre du Conseil national de la Résistance et l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Il est le fils d’Helen Grund-Hessel, héroïne du roman Jules et Jim.

Il a soutenu Michel Rocard en 1985, s'est présenté l'an dernier sur les listes d'Europe Ecologie et soutient aujourd'hui Martine Aubry, dont il est un ami, et qui a lu son livre avec intérêt.

http://www.francesoir.fr/%22indignez-vous%20!%22%20de%20stéphane%20hessel%2C%20cri%20de%20ralliement%20de%20800.000%20lecteurs#


S’il n’y avait qu’un livre pour marquer cette année 2010, ce serait celui-ci. Son succès fait plaisir, 650 000 exemplaires écoulés. « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, 93 ans, débute par de larges citations du programme du Conseil National de la Résistance. A quelques heures du changement d’année de notre calendrier occidental, cette lecture est revigorante.

Des 24 pages de cet ouvrage revigorant, je retiendrai ce passage, si contemporain :

« On ose nous dire que l’Etat ne peut plus assurer le coût de ces mesures citoyennes. Mais comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? »

Précipitez-vous.

http://sarkofrance.wordpress.com/

Douce crise, doux système de mes profits

Nous avons appris hier que Bernard Arnault, patron de LVMH et proche de Nicolas Sarkozy, était digne de figurer dans le livre des records pour 2010. On savait déjà qu’il caracolait en tête au côté de Liliane Bettencourt dans le club des grandes fortunes de France. L’homme qui pèse plus de douze milliards d’euros vient de s’accorder la bagatelle de 800 000 stock-options du groupe qu’il préside. Comment aurait-il pu résister à la tentation ? Il les a acquises pour une « misère » ! 42 euros pièce alors que, le même jour, les actions LVMH étaient cotées à 125 euros l’unité.

À peu près au même moment, l’Insee rajustait ses estimations au seuil de l’année nouvelle. Force était de constater que le gouvernement avait jusqu’alors embelli la conjoncture, donné quelques couleurs artificielles pour rehausser l’atonie ambiante. Venant quelques jours après les chiffres du chômage si discrètement susurrés et présentés avec tact et modestie au public par les ministres du cabinet Fillon et répercutés avec le même esprit de mesure dans une grande partie de la presse, cet ensemble de statistiques dessinent le portrait d’un pays malmené, d’une société désemparée, animée par une bonne dose de colère mais habitée aussi par le doute sur sa capacité à forcer les portes du changement que l’idéologie libérale tente de verrouiller. Les pires injustices, qui soulèvent un sentiment de révolte, trouvent toujours des explications au nom d’une « real politik » tendant à tout justifier par une mondialisation conçue non pas comme une mise en commun du développement de l’humanité et du soin à apporter à la planète mais comme un marché mondial, une jungle planétaire. Certes, tout le monde ne va pas jusqu’au raisonnement du chroniqueur du Figaro qui, hier matin, soupirait gravement : « À vrai dire personne n’est capable d’affirmer ce qu’est un salaire excessif. Ni de dire si un patron du CAC 40 doit être payé 500 000 ou 2 millions d’euros. » Chez ces gens, Monsieur, on ne compte pas, sauf pour refuser toute augmentation du smic à des millions de travailleurs qui gagnent moins de mille euros !

Cette évocation du temps présent nous ramène à un événement qui s’est déroulé il y a tout juste quatre-vingt-dix ans à Tours, quand les délégués du Parti socialiste créaient le Parti communiste. Ils le faisaient parce que le mépris des hommes et le goût du profit avaient conduit l’Europe dans la crise et dans la guerre. Bien des choses ont changé, mais l’esprit de classe des possédants colle décidemment à la peau.



Jean-Paul Piérot

http://www.humanite.fr/28_12_2010-douce-crise-doux-système-de-mes-profits-460992

mercredi 29 décembre 2010

«L’anti-communisme en Europe ne passera pas !»

Déclaration commune de 38 partis communistes et ouvriers d’Europe

« L’anti-communisme en Europe ne passera pas! »


Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Les partis communistes et ouvriers d'Europe dénoncent l'initiative provocatrice et scandaleuse des ministres des Affaires étrangères de Bulgarie, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Roumanie et République Tchèque exigeant que l'Union Européenne engage la persécution légale de tous ceux qui, dans l'Union européenne, n'acceptent pas les campagnes réactionnaires de ré-écriture de l'Histoire ainsi que de criminalisation des communistes et du communisme.

Il s'agit d'une dangereuse tentative de généraliser la persécution légale, ainsi que d'autres mesures qui y sont liées, déjà en vigueur dans plusieurs pays de l'UE contre tous ceux qui rejettent les calomnies contre les expériences historiques de construction socialiste et contre tous ceux qui combattent les tentatives d'effacement de la contribution décisive que les communistes ont apporté à la lutte pour les droits sociaux, des travailleurs, et pour la démocratie en Europe et rejettent la déformation de l'histoire et de la Seconde guerre mondiale et l'inacceptable mise sur un pied d'égalité du communisme et du fascisme.

Ce n'est pas un hasard si cette initiative a été lancée dans une période où les luttes ouvrières et populaires se renforcent. L'intensification de l'offensive anti-ouvrière va de pair avec l'accroissement des mesures anti-communistes. Les communistes sont la cible de ces attaques parce qu'ils sont en première ligne du front des luttes, pas seulement pour que les travailleurs n'aient pas à porter le poids de la crise capitaliste, mais aussi parce que ce sont les seuls qui détiennent la véritable solution à la barbarie capitaliste. La classe dominante, comprenant très bien les impasses du système capitaliste et ses contradictions inconciliables, intensifie ses persécutions, ses menaces et ses crimes. Toutefois, quelles que soient les mesures prises, elles ne peuvent faire obstacle aux lois inexorables du développement social, et à la nécessité du renversement du pouvoir du capital. Elles ne peuvent faire obstacle au renforcement de l'organisation de la classe ouvrière et au développement de la lutte de masse pour le socialisme et le communisme.

Nous déclarons fermement que les plans anti-communistes de la bourgeoisie seront mis en échec. La supériorité de notre idéologie, de la cause juste de la classe ouvrière peuvent briser même les plus dures de leurs mesures. Nous continuerons la lutte de façon encore plus résolue et intransigeante afin de vaincre le pouvoir anti-populaire du grand capital. L'hystérie anti-communiste ne dupera pas la classe ouvrière et les forces populaires qui subissent les problèmes du chômage, de la remise en cause des droits sociaux, du Travail, à la Sécurité sociale, la barbarie capitaliste même.

Nous en appelons à toutes les forces démocratiques, progressistes et anti-impérialistes afin qu'elles nous rejoignent dans la lutte contre l'anti-communisme, une lutte qui est directement liée au combat pour les droits des travailleurs et du peuple ainsi qu'à celui pour la justice sociale, pour un monde sans exploitation de l'Homme par l'Homme.

1 – Parti communiste d'Arménie

2 – Parti communiste d'Azerbaidjan

3 – Parti communiste du Bélarus

4 – Parti du Travail de Belgique

5 – Parti communiste de Grande-Bretagne

6 – Nouveau parti communiste de Grande-Bretagne

7 – Parti communiste de Bulgarie

8 – Parti des communistes bulgares

9 – AKEL (Chypre)

10 – Parti communiste du Danemark

11 – Parti communiste d'Estonie

12 – Parti communiste de Finlande

13 – Parti communiste de Macédoine

14 – Parti communiste allemand (DKP)

15 – Parti communiste de Grèce

16 – Parti communiste ouvrier Hongrois

17 – Parti communiste d'Irlande

18 – Parti des communistes italiens

19 – Parti communiste du Kazakhstan

20 – Parti socialiste de Lettonie

21 – Parti communiste du Luxembourg

22 – Parti communiste de Malte

23 – Parti communiste de Norvège

24 – Nouveau parti communiste des Pays-Bas

25 – Parti communiste de Pologne

26 – Parti communiste portugais

27 – Parti communiste roumain

28 – Parti communiste de la Fédération de Russie

29 – Parti communiste d'Union soviétique

30 – Parti communiste ouvrier de Russie/Parti des communistes de Russie

31 – Union des Partis communistes/PCUS

32 – Parti des communistes (Serbie)

33 – Parti communiste de Slovaquie

34 – Parti communiste des peuples d'Espagne

35 – Parti communiste de Suède

36 – Parti communiste de Turquie

37 – Parti communiste d'Ukraine

38 – Union des communistes d'Ukraine



Lettre ouverte au Père Noël (Rebelion)


Cher Père Noël, ou Santa Claus, ou Viejo Pasquero, ou quel que soit votre nom et quelle que soit la façon dont vous aimez vous appeler et être appelé : j’avoue que j’ai toujours ressenti pour vous une certaine affection parce qu’en général j’aime bien la Scandinavie, parce que votre rouge houppelande me paraît prémonitoire et parce que, derrière votre barbe généreuse, j’ai toujours cru reconnaître le visage d’un certain philosophe allemand dont on trouve de plus en plus justifié ce qu’il a écrit dans plusieurs de ses livres souvent cités même s’ils sont moins souvent véritablement lus.

Ne craignez pas le contenu de ma présente lettre. Ce n’est pas moi cet enfant chilien qui vous a envoyé, il y a quelques années, la lettre suivante : « Espèce de vieux salaud, l’an dernier je t’ai écrit pour te dire que même si j’étais obligé d’aller à l’école pieds nus et sans avoir mangé, j’avais eu les meilleures notes de ma classe et que le seul cadeau que je demandais c’était un vélo, un vélo même pas neuf, et pas besoin non plus que ce soit un mounty byke ou un vélo de course comme ceux qui servent pour faire le Tour de France. Je voulais une simple bicyclette, sans dérailleur, pour aider ma mère à porter à domicile le linge qu’elle lave et repasse à la maison pour les familles qui le lui confient. Une putain de bicyclette, un point c’est tout. Mais Noël est arrivé et j’ai eu, en guise de cadeau, un jouet, une connerie de trompette en plastique que j’ai conservée et que je t’envoie avec ma lettre pour que tu te la mettes où je pense. Je souhaite qu’elle te donne le SIDA, vieux fils de pute ».

Vos elfes furent-ils les responsables d’un si abominable cafouillage ? Bon, Père Noël, cette année, à tous les coups, vous allez recevoir un tas de demandes de bicyclettes, car l’ultime futur qui attend les jeunes garçons du monde est celui de livreurs à domicile, sans contrat de travail et condamnés à livrer des colis jusqu’à 67 ans. Je ne vous demande pas cependant une bicyclette ; mais je vous demande un effort pédagogique. Je vous demande d’obliger vos elfes et vos rennes à écrire des millions de lettres pour expliquer ce que sont et où se trouvent ces fameux marchés.

Comme vous le savez très bien, on nous a pourri la vie, on a diminué nos salaires, on a rogné nos pensions, supprimé nos indemnités de chômage et on nous condamne à travailler jusqu’à perpétuité pour rassurer les marchés.

Les marchés portent des noms et des visages de personnes bien vivantes. Les marchés, c’est un groupe d’êtres humains constitué par un pour cent de l’humanité, mais qui possèdent, à eux seuls, quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la richesse du monde. Les marchés, ce sont les membres du conseil d’administration et les actionnaires d’un laboratoire, par exemple, qui refusent de renoncer à leurs royalties sur toute une série de médicaments lesquels, s’ils étaient génériques, sauveraient des millions de vies. Ils ne le font pas parce que la vie c’est pas rentable, mais la mort, elle, c’est rentable, énormément rentable.

Les marchés, ce sont les actionnaires des industries de mise en bouteilles du jus d’orange et ces industries ont attendu que l’Union Européenne annonce des lois restrictives pour les travailleurs étrangers à la Communauté qui seront obligés de travailler en Espagne ou dans un autre pays de l’Union Européenne et de se soumettre au droit du travail et aux conditions salariales en vigueur dans leur pays d’origine. Dès que ces lois furent adoptées, dans toutes les Bourses d’Europe, les prix des actions de la prochaine récolte d’oranges montèrent en flèche. Pour les marchés, pour tous et pour chacun de ces actionnaires, la justice sociale n’est pas rentable, mais l’esclavage, lui, est rentable, énormément rentable.

Les marchés, ce sont les actionnaires d’une banque qui fait saisir l’appartement d’une femme qui a en charge un enfant handicapé. Pour tous et pour chacun de ces actionnaires, pour le Président Directeur Général et pour les Directeurs des divers Départements, les raisons humanitaires ne sont pas rentables, mais le racket, l’expulsion de la pauvreté vers la misère, est rentable, énormément rentable.

Et pour les arnaqueurs d’espoir, qu’ils soient de droite ou de droite, car il n’y a pas deux options possibles parmi les défenseurs du système responsable de cette crise que ces mêmes marchés ont provoquée, dépouiller de son logement cette femme âgée fut un signal envoyé aux marchés pour les rassurer.

En Angleterre, la hausse criminelle des droits d’inscription dans les universités a été décidée pour rassurer les marchés. Le mécontentement social va entraîner inévitablement des réactions pour essayer de survivre et les marchés exigeront du sang et des morts pour rassurer leur appétit insatiable.

Que vos elfes et vos rennes expliquent en détail qu’au milieu de cette crise économique engendrée par la voracité spéculative des marchés et par le renoncement de l’État à contrôler les flux d’argent, aucune banque n’a cessé de faire des profits, aucune multinationale n’a cessé d’engranger des bénéfices et même les économistes les plus orthodoxes de la théorie du marché sont d’accord pour dire que le principal symptôme de la crise c’est que les banques et les multinationales gagnent moins d’argent qu’avant, mais que jamais elles n’ont cessé d’en gagner. Que vos elfes et vos rennes expliquent jusqu’à n’en plus finir que c’est le marché qui s’est opposé à tout contrôle public sur les spéculations, mais qu’il exige aujourd’hui que l’État punisse les citoyens coupables de diminuer son chiffre d’affaires.

Et pour finir, permettez-moi de vous demander encore une chose : je vous demande des milliers et des millions de drapeaux de lutte, des barricades imprenables, des pavés bien solides, des masques contre les grenades lacrymogènes et que l’étoile de Bethléem devienne une multitude de comètes incandescentes avec une unique cible : les Bourses du monde. Que celles-ci flambent en un incendie immense, car ces flammes de ces cent magnifiques brasiers nous donneront, même si ce n’est que pour un temps assez court, une inoubliable Nuit de Paix.

Luis Sepúlveda

REBELION : http://www.rebelion.org/noticia.php...

Traduit par Manuel Colinas Balbona pour Le Grand Soir  http://www.legrandsoir.info/Lettre-ouverte-au-Pere-Noel-Rebelion.html

Internet: la box sous les 30 EUR/mois disparaît en 2011, enterrée par la TVA


L'opérateur Free avait été le premier à les proposer en 2002, suivi de mauvaise grâce par ses concurrents: les box associant téléphone, internet et télévision à moins de 30 euros par mois ont vécu et vont disparaître en 2011, enterrées notamment par une hausse de la TVA.

Orange a été le premier a dégainer début décembre en annonçant qu'il répercuterait la hausse de TVA inscrite dans le budget 2011 à partir du 1er février, avec une hausse de tarif au maximum de 3 euros par mois sur les offres contenant des services de télévision.

SFR (groupe Vivendi) a indiqué lui qu'il appliquerait des hausses de deux à trois euros sur ses abonnements internet et jusqu'à 9,50 euros sur certains abonnements de téléphonie mobile à partir du 1er février, à la suite de l'augmentation de la TVA.

Pour sa part Bouygues Telecom a indiqué qu'il répercuterait la hausse de la TVA sur ses forfaits à partir de mars 2011. Les clients seront avertis un mois avant, par courrier, "conformément à la loi".

Le gouvernement, sous pression de la Commission européenne, a décidé en septembre de mettre fin à un dispositif qui leur permettait de réduire la TVA sur une partie de la facture.

Jusqu'à présent, une moitié de la facture de ces offres était assujettie à une TVA à 19,6% et l'autre à un taux réduit de 5,5%, en échange d'une participation des fournisseurs d'accès au fonds de soutien au cinéma. Au 1er janvier, la totalité sera facturée au taux plein de 19,6%. Au passage, cela permettra à l'Etat d'engranger 1,1 milliard de recettes supplémentaires.

Mais la TVA n'est pas la seule raison de l'inflation pour le client. Le câblo-opérateur français Numericable, dont la majorité des offres sont épargnées par la hausse de la TVA à 19,6%, en a profité pour annoncer mercredi qu'il augmenterait ses tarifs de 3 euros en moyenne à partir d'août 2011.

"Nous considérons que le diktat des 29,90 euros n'a pas de sens", alors que d'autres opérateurs créent des offres atteignant 35 ou 36 euros "avec des ajouts qui ne sont pas liés à la hausse de la TVA", clame un porte-parole du câblo-opérateur, Antoine Boulay.

Free, qui avait imposé la norme de ce prix imbattable en 2002 en lançant sa Freebox, révolutionnaire pour l'époque, poussant les autres opérateurs à s'aligner, a aussi déclaré forfait.

Son abonnement mensuel augmentera de près de 10 euros pour la majorité des clients, ce qui n'a pas empêché son PDG, Xavier Niel, de claironner mi-décembre que le prix de sa nouvelle box était "maintenu à 29,99 euros par mois".

Free va en effet répercuter, comme ses concurrents, la hausse de la TVA sur les box, soit deux à trois euros d'augmentation. A cela s'ajouteront 5,99 euros désormais facturés à la grande majorité des abonnés Free au motif qu'ils sont "dégroupés", c'est-à-dire sans lien avec le réseau de France Télécom.

L'abonnement mensuel de 30 euros était de moins en moins rentable pour les opérateurs, car il ne leur permettait de réaliser que des marges très étroites.

"Ce n'est pas normal que la profession reporte l'augmentation de la TVA", s'indigne Thierry Saniez, délégué général de l'association Consommation Logement Cadre de vie (CLCV), alors que ces mêmes opérateurs "n'avaient pas reporté la baisse en 2002".

Seule bonne nouvelle pour les clients, cette révision unilatérale des conditions tarifaires leur donne le droit de résilier leur abonnement internet et certains forfaits mobiles tout en gardant leur téléphone, dans un délai de 4 mois.

http://www.francesoir.fr/internet-la-box-sous-les-30-eurmois-disparait-en-2011-enterree-par-la-tva

Sarkozy : "un bébé pour rebondir" ???


Selon le quotidien britannique The Times, Carla Bruni (43 ans) aimerait avoir un bébé. Nicolas Sarkozy (55 ans) estimerait que l’événement dynamiserait son image à la veille de la prochaine élection présidentielle.



"Sarkozy prie pour un bébé pour rebondir", titre l’édition dominicale du Times de Londres (habituellement sérieux).

"Des rumeurs disent que Sarkozy voudrait avoir un enfant pour remonter dans les sondages", explique le sous-titre.

Pas d’information précise dans l’article, qui évoque des rumeurs. Seules sont citées une remarque de la femme du Président, qui se serait dite prête à adopter un enfant si elle ne pouvait être enceinte, et une conversation de Bruni avec un moine lors du dernier voyage présidentiel en Inde.

"Un enfant à l’Elysée, disent les observateurs politiques, aiderait la France à avoir une vision positive d’elle-même et rajeunirait l’image de Sarkozy, qui est grand-père", indique le journal.

Source : http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=9950

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article112022

mardi 28 décembre 2010

SNCF : le service public ne répond plus!


Communiqué des cheminots CGT

La France entière s’émeut de voir un train mettre 26 heures pour relier Strasbourg à Port-Bou et Nice. Cet évènement est la résultante des politiques menées à la SNCF depuis plusieurs années. Pour la Fédération CGT des cheminots, quand une Entreprise Publique comme la SNCF se détourne du service public pour faire du business, il est prévisible que les voyageurs et les cheminots en subissent les conséquences.

Depuis que la Direction de la SNCF a accentué son organisation en branches indépendantes refusant toutes formes de mutualisation des moyens humains et matériels, les dysfonctionnements deviennent le triste quotidien des usagers et l’angoisse des cheminots.

Les Directions d’activités ne veulent plus financer les réserves en personnel de bord (Agents de Conduite et Agents du Service Commercial Trains). Les ateliers d’entretien des locomotives sont spécialisés par activités. Les aiguilleurs n’ont plus de contact avec les autres services au nom de la « concurrence libre et non faussée ». Cette organisation éclatée et cloisonnée de la SNCF engendre les situations vécues par les voyageurs de ce train qui a fait la une de l’actualité.

Pour la Fédération CGT des Cheminots ce genre d’incident illustre le contenu de nos luttes. La grève reconductible du mois d’avril, à l’appel de CGT, avait comme revendications de mettre fin à cette organisation en mono activité et de fournir à la SNCF les moyens humains pour réaliser un service public ferroviaire de qualité. Les agents de conduite de Vierzon sont actuellement dans un mouvement de grève contre la suppression des réserves de conducteurs mais la Direction l’entreprise refuse obstinément de les entendre.

La Fédération CGT des Cheminots déplore que la Direction de la SNCF refuse de tirer les enseignements de sa stratégie. En 9 ans elle a supprimé plus de 25 000 emplois de cheminots, elle entend en supprimer encore 1 850 en 2011, cette politique d’austérité a des répercussions désastreuses sur la qualité du service due aux usagers et sur les conditions de travail des cheminots.

Il est outrageant d’entendre François Fillon, Brice Hortefeux, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Thierry Mariani tirer à boulets rouges sur Météo France, les services de l’équipement, les aéroports de Paris ou la SNCF et les accuser de ne pas répondre à leurs obligations alors que c’est leur politique libérale qui supprime les moyens et pousse à la casse des entreprises publiques et du service public.

Montreuil, le 28 décembre 2010

Train Strasbourg - Port Bou : le point de vue de « SUD Rail »

Voilà où mènent l’éclatement de la SNCF et l’insuffisance des moyens humains et financiers !

La situation des transports ferroviaires de voyageurs n’est actuellement pas bonne, loin s’en faut ; elle est même parfois catastrophique ! Comme le prouve, les difficultés subies par les voyageurs du train de nuit 4295, partis de Strasbourg dimanche soir pour Port-Bou ou Nice… où ils et elles sont arrivés avec 12 heures de retard!

Les conditions climatiques peuvent, bien sûr, engendrer des dysfonctionnements, mais en aucun cas nous devrions connaître des situations aussi dramatiques, mais pour cela :

- la SNCF doit cesser de faire des économies sur l’entretien des voies

- la SNCF doit cesser de faire des économies la maintenance du matériel roulant,

- la SNCF doit cesser de faire des économies sur le personnel SNCF (conducteurs, contrôleurs, agents dans les gares, agents d’entretien, etc.). 2010 est une année terrible en termes d’emplois puisque 4 000 emplois de cheminots ont été supprimés !

L’organisation en activités séparées, décidée par la direction SNCF, organise ces dysfonctionnements récurrents. Cheminots et matériel (locomotives par exemple) sont ainsi cantonnés dans une activité (Granges Lignes ou TER ou Fret, etc.) au dépens de l’interactivité qui était une des forces de l’entreprise publique SNCF.

Il est aberrant que seul un conducteur de Lyon envoyé en taxi de Lyon à Belfort (pendant que les usagers patientaient) ait pu assurer la relève du train en question parce que les conducteurs disponibles sur Belfort, Besançon,… ne dépendent plus de l’activité Grandes Lignes et ne sont donc ne sont plus autorisés à la conduite de ce matériel roulant ! Combien d’heures perdues pour les voyageurs, au nom du dogme libéral de l’éclatement de l’entreprise publique SNCF ?

Dans de telles conditions, il n’est plus possible d’assurer la sécurité et la qualité du service. D’ailleurs, les audits internes sur la sécurité montrent que le système ne fonctionne plus.

SUD-Rail exige du gouvernement et de la direction SNCF qu’ils cessent cette politique où prédomine la logique financière.

Cette logique purement financière détruit l’entreprise de service public ferroviaire, en lui refusant les moyens humains et financiers de fonctionner normalement.

Il est temps d’arrêter ce massacre, orchestré par le gouvernement, et de tout mettre en œuvre pour faire fonctionner non seulement en cas d’intempéries mais aussi au quotidien le service public ferroviaire. La solution ne peut être la multiplication, d’actions en justice postérieures à des incidents dont le nombre se multiplient ; d’ailleurs, tous les voyageurs ne pourront pas se permettre d’intenter ces procès. Il faut traiter le problème sur le fond !

Pour SUD-Rail, la SNCF doit d’urgence revoir sa copie concernant le budget 2011, renoncer au découpage de l’entreprise en activités, et arrêter la purge entamée depuis des années ! Ensemble, usagers, élus, cheminots et organisations syndicales, nous devons stopper ce gâchis.

Le 28 décembre 2010

Le dicton du moment : « Noël dans les bouchons....Pâques sans pognon ! »


La France encore bloquée par la neige, une semaine après les dernières intempéries les axes routiers et les transports aériens et ferroviaires rencontre de graves difficultés de fonctionnement. La raison principale une volonté de faire beaucoup d’argent sans aucun investissement tant en matériel qu’en personnel, des économies faites au détriment du service et du devoir.

On croit rêver au 21ème siècle une économie ralentie par de simples chutes de neiges, c’est comme pour les inondations de cet automne tout le monde se pose la question de comment est-ce possible ? Et personne pourquoi ? Mais la vrai question à se poser est toute simple ; ils sont où les petits hommes en orange ? Elle est passé où la DDE ? Des Français trouvaient que les fonctionnaires les prenaient en otage quand ils manifestaient pour préserver un service public de qualité, il serait intéressant de les entendre aujourd’hui. C’est quand même une drôle de coïncidence que la neige n’affecte que les services privatisés, ce qui reste du service public et les services communaux fonctionnent à merveille, car même si l’état a tout fait pour les saboter en supprimant les budgets, il reste un chose qui n’est pas monnayable dans la fonction publique, c’est la conscience de ses fonctionnaires et la volonté d’être au services des usagers et de la population.

Mais cela reste à l'image d’une politique générale menée depuis 2007 par un président de tous les Français (de droite) et son gouvernement qui dans leur volonté immédiate de plaire au patronat font de l’enfumage à la Madoff. Car les économies faites le sont au détriment de l’investissement et de l’entretient du pays, les pertes dues aux intempéries en pleine période de Noël, ne font que démontrer l’incompétence de ce gouvernement sur une gestion à long terme de notre Pays et ce n’est que le début programmé du déclin de notre économie.

Les liaisons dangereuses


D’un hiver l’autre, la saison est au compte de Noël. L’an passé, nous baignions en pleine campagne, qui allait virer au scandale, de la grippe H1N1. Quelques mois à peine auront suffi à mesurer combien l’addition fut salée pour les Français et l’opération des plus juteuses pour les profits des grands laboratoires pharmaceutiques. Pardi, c’est l’assurance maladie qui régale ! Pourquoi se gêner ? 2010 s’achève sur ce qui devient un autre scandale d’ampleur. L’affaire du Mediator est d’autant plus grave qu’elle met en cause des vies humaines, là où le médicament est censé les défendre.

Côté pile, le laboratoire Servier se donne comme une vaste entreprise humanitaire, harmonieuse et quasi philanthropique. Son président fondateur est donc digne de toutes les reconnaissances au plus haut niveau et gravira tous les degrés de l’ordre de la Légion d’honneur, de commandeur sous Dominique Strauss-Kahn à grand-croix sous Nicolas Sarkozy. Côté face de la pièce, comme pour ce qui a été révélé cet été avec l’affaire « Woerth-Bettencourt », ce petit monde de Neuilly et d’avocats d’affaires se connaît très bien, depuis très longtemps. Ici, pas de conflit dans le partage bien compris des tâches entre politique et affaires, simplement un épisode de plus au feuilleton estival de la mise au grand jour de la vie d’une classe de possédants.

Qu’aurait donc le chef de l’État à refuser à l’industrie pharmaceutique qu’il n’accorde aux banques, aux groupes financiers et à son club du Fouquet’s ou du Medef ? Puisqu’il est là pour servir leurs intérêts – et certainement pas ceux de « la France qui se lève tôt », comme peuvent le mesurer depuis de longs mois ceux qui ont pu y croire. Le président de la République avait même livré le fond de son projet en la matière devant les responsables des cinq premiers laboratoires français, les recevant en son palais en juin 2009. Du crédit impôt recherche à l’autonomie des universités, ses décisions devaient leur permettre d’accroître leur force de frappe et leur emprise sur un secteur de recherche publique, raillé avec un mépris désormais usuel.

Des centaines de millions d’euros sont allés directement des caisses de l’assurance maladie et des complémentaires à celles d’un laboratoire privé. Des vies sont en jeu. Que fait le gouvernement ? Xavier Bertrand a trouvé : la sécu paiera, quitte à se lancer dans une longue course judiciaire. Pardi. Les patrons et traders « voyous » ont vu ce qu’ils risquaient avec ce pouvoir. En ira-t-il de même avec le président fondateur de la firme, neuvième fortune de France, estimée à 3,8 milliards d’euros ?

Ici, pas de conflit dans le partage bien compris des tâches entre politique et affaires.

Michel Guilloux

http://www.humanite.fr/26_12_2010-les-liaisons-dangereuses-460855

Dailymotion censure-t-il le PCF pour protéger Sarkozy?

Le site a retiré de sa plate-forme une parodie des voeux de Nicolas Sarkozy postée par le parti communiste, invoquant le respect des droits d’auteur.


Dailymotion chercherait-il à baîlloner le parti communiste français, coupable de trop de subversion à l’égard du chef de l’Etat? La question est incongrue, mais le PCF est certain de la réponse.

Le parti a posté une vidéo détournant les voeux de Nicolas Sarkozy pour se moquer de sa politique contre le chômage ou le séjour des Roms. Un (mauvais) imitateur reproduit la voix de Nicolas Sarkozy et lui fait dire qu’il est "conscient de (son) incompétence".



"Je pense à vous, sans papiers et Roms, obligés de vous cacher de la police, je pense à vous smicards précaires, chômeurs, je pense aussi à vous, journalistes, dont je connais bien le quotidien pour vous mettre sous écoute tout au long de l’année", déclare notamment la voix imitée du président, avant de présenter ses "excuses".

Le chef de l’Etat promet ensuite de rétablir la retraite à 60 ans, d’augmenter le Smic à 1600 euros nets par mois, avant de conclure : "Je souhaite que la France se débarrasse de moi. Vive le Front de Gauche!"

La caricature est évidente, ce qui n’a pas empêché Dailymotion de retirer cette vidéo de sa plate-forme. Au contraire de YouTube, qui ne l’a pour l’instant pas interdit. Le PCF parle de "censure" et rappelle que les voeux de Nicolas Sarkozy seront justement diffusés sur Dailymotion.

"Il ne faut voir aucune censure, ce n’est pas un sujet", a de son côté expliqué à l’AFP Antoine Nazaret, responsable des contenus politiques sur Dailymotion, expliquant que les images utilisées étaient protégées par l’INA.

"La vidéo a été postée sur un compte d’utilisateur classique, et pas sur celui du PCF, qui est partenaire officiel de Dailymotion. Le contenu ne répond pas aux conditions d’utilisation" d’un utilisateur classique, a-t-il dit, faisant valoir les droits de propriété.

Au respect des droits d’auteur, le PCF pourra toujours fait valoir un autre article du code de la propriété intellectuelle, celui qui interdit d’interdire "la parodie, le pastiche et la caricature".

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/dailymotion-censure-t-il-le-pcf-pour-proteger-sarkozy_948497.html

lundi 27 décembre 2010

Chômage : le gouvernement échoue à faire croire qu'il baisse.


La récente publication des statistiques mensuelles du chômage a rappelé à tous que la France n'est pas sortie de la crise. Cette année écoulée devait pourtant être celle de la reprise, comme nous l'explique le gouvernement depuis près d'un an. En novembre dernier, le chômage a augmenté, par le double effet de moindres sorties et d'un plus grand nombre d'entrées. La Dares relève ainsi que les reprises d'emploi déclarées on chuté de 6% en novembre. Sur un mois, les entrées pour fin de contrat à durée déterminée ont cru de 5,8 %, pour fin de mission d’intérim de 7,4 % ; pour licenciements économiques de 4,0 %, pour autres licenciements de 7,7 %, pour « démissions » de 10,5 %, et les premières entrées de 10,3 %.
C'est une sacrée mauvaise nouvelle pour le story-telling officiel.




Il y a quasiment un an, un Nicolas Sarkozy avide de convaincre une dizaine de Français rassemblés par TF1 avait promis que le chômage baisserait d'ici quelques mois : « Je sais que dans les semaines et les mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage dans notre pays » Ce 25 janvier 2010, Sarkozy voulait y croire ou, à défaut, nous le faire croire. L'urgence était double : électorale, car le scrutin présidentiel de 2012 approche; budgétaire, car la Sarkofrance, coincée par son tabou fiscal à l'égard des plus riches et une dette qui frôle les 1 600 milliards d'euros, ne peut plus payer. Il fallait donc nous faire croire que l'économie française n'avait plus besoin des mesures exceptionnelles décidées au coeur de la crise.


Le gouvernement se désengage de l'emploi...
 
Dès l'automne, le gouvernement décida, plus ou moins discrètement, que la plupart des mesures de soutien à l'emploi ne seraient pas reconduites en 2011. La crise, on vous le répète, est derrière nous. « la mobilisation du gouvernement en faveur de l'emploi porte ses fruits » expliquait le nouveau ministre du Travail Xavier Bertrand il y a un mois.

1. Pour partie, la direction de pôle emploi a tiré les leçons de l'échec de la sous-traitance privée. En juillet 2009, l'Etat avait débloqué 425 millions d'euros pour qu'une trentaine d'agences privées s'occupent de 320 000 chômeurs sur deux ans. L'an prochain, ces milliers de demandeurs d'emplois devront donc être traités par les agents de pôle emploi.

2. Début 2009, le gouvernement avait gracieusement accordé 1800 postes temporaires pour renforcer l'agence. Ces 1800 postes sont supprimés en 2011.

3. Fin 2009, les syndicats craignaient qu'un million de chômeurs en fin de droits se retrouvent exclus de toute indemnisation cette année. Après des mois d'attentisme et de fausses études, le gouvernement avait lâché, le 1er juin 2010, son fameux « Plan Rebond pour l'emploi ». Ce dernier visait les 360 000 personnes ayant épuisé leurs droits aux allocations chômage entre le 1er janvier et le 31 décembre 2010 sans bénéficier d'aucun revenu de remplacement (allocation versée au titre de la solidarité ou minimum social) : en échange de 460 euros par mois, ces bénéficiaires devaient suivre une formation. Début décembre, soit 6 mois après l'entrée en vigueur du dispositif, la CGT estimait que seules 3 000 personnes en avaient bénéficié. Un fiasco total !

4. Globalement, le budget alloué à l'emploi en 2011 a été diminué de 15% pour 2011, dans le projet de loi de finances adopté à l'Assemblée. Entre la non-reconduction des mesures de relance et la rigueur affichée pour rassurer les marchés, toutes les missions sont affectées : contrats aidés (-25%), insertion professionnelle des jeunes (-330 M€), formation professionnelle des publics fragilisés (-33%) ; financement du réseau des Maisons de l’emploi (-50%), etc.

5. Last but not least, les minima sociaux seront à peine revalorisés en janvier prochain : +1,5% pour le RSA (466,99 euros par mois pour une personne seule sans enfant, 700,49 euros pour un couple sans enfant ou une personne seule avec un enfant); +1,5% pour les allocations familiales (126,38 euros pour deux enfants, 288,38 euros pour trois enfants, 430,55 euros pour quatre enfants). Le gouvernement argumente que l'inflation sera tout aussi faible l'an prochain. Pourtant, certaines hausses de prix de produits et services essentiels sont déjà annoncées à des niveaux autrement plus importants :
relèvement généralisé des tarifs d'assurance compris entre 2,5% et 4,5% en automobile, entre 3% et près de 8% en habitation, et entre 5,3% et 8,5% en santé; déremboursements supplémentaires de 5 points pour les médicaments de vignette bleue ; hausse de 3% de la facture EDF; etc...

... alors que la crise est toujours là.
 
Le chômage a-t-il à ce point baissé pour qu'on revienne à la situation pré-récession ? Non. Fin novembre, la France comptait toujours 4,6 millions de demandeurs d'emploi, en hausse de 6,6% sur un an (soit 300 000 personnes). En un an, les promesses et prédictions sarkoyennes ont été démenties par les faits.

1. Près de 3 millions de demandeurs d'emploi sont sans aucune activité : 2,698 millions tenus de rechercher activement un job (catégorie A) et 245 000 sans emploi mais dispensés (catégorie E).

2. L'ancienneté moyenne des chômeurs est de 440 jours.

3. Les offres d'emploi collectées par Pôle emploi ont stagné depuis un an (-0,1 %), et même décru de 4,8 % au mois de novembre 2010 en France métropolitaine. Les créations nettes d'emploi dans le secteur marchand restent modestes : entre 70 000 et 90 000 depuis janvier, selon les sources (Insee, pôle emploi, Accoss).

4. Le chômage des plus de 50 ans a explosé de 15% en un an, pour atteindre 750 000 personnes, dont 514 000 sans aucune activité. Mais toutes les catégories de chômeurs ont progressé : hommes, femmes, moins de 25 ans, longue durée, etc.

5. Depuis un an, entre 200 000 et 220 000 demandeurs d'emploi sont évacués chaque mois des statistiques « pour défaut d'actualisation ». Avant l'automne 2008, leur nombre oscillait entre 160 000 et 180 000. La « modernisation » de pôle emploi est passé par là.

Pour 2011, le gouvernement table sur une croissance de 2% quand les économistes prévoient au mieux 1,6%. Et le nombre de contrats aidés va se réduire. La situation de l'emploi devrait donc encore se dégrader.

Mais chut ! Ne le répétez pas. On vous accuserait d'antisarkozysme primaire.

http://www.marianne2.fr/sarkofrance/

Quand les historiens avaient du bon sens ...


A propos du fait indéniable que cette année encore le smic n’a pas été gratifié d’un coup de pouce , et trouvé dans ’’Mediapart ’’aujourd’hui , sans aucun désir de les flatter ou leur faire de la pub , cet article dont j’extrais une partie ici :

Décrivant , dans son Histoire de la révolution française , la misère qui sévit à la veille de 1789 , Jules Michelet défend l’idée que les mauvaises récoltes, et la famine qui en découle , ne constituent en aucune façon un fait d’ordre naturel . ’’Ce n’est ni la pluie , ni la grêle . C’est un fait d’ordre civil : on a faim par le roi ’’. Et il ajoute : ’’ la famine est alors une science , un art compliqué d’administration , de commerce. Elle a son père et elle a sa mère , le fisc et l’accaparement . Elle engendre une race à part , race bâtarde de fournisseurs , banquiers , financiers , fermiers généraux , intendants , conseillers , ministres . Un mot profond sur l’alliance des spéculateurs et des politiques , sorti des entrailles du peuple : Pacte de famine ’’.

Pour ma part seul le mot race me gêne , à part ça Michelet avait parfois le verbe libre .

http://www.mediapart.fr/journal/france/231210/le-pacte-que-sarkozy-a-passe-avec-le-smic



De : guetteur des rues http://bellaciao.org/fr/spip.php?article111994

dimanche 26 décembre 2010

"Noël des sans-logis" devant le ministère du Logement


L'association Droit au logement (Dal) a organisé samedi après-midi à Paris un "Noël des sans-logis" devant le ministère du Logement, où une centaine de personnes manifestaient tandis qu'une délégation rencontrait le secrétaire d'Etat au logement Benoist Apparu.

Plusieurs dizaines de familles mal logées accompagnées d'enfants étaient présentes, mais aussi des personnalités comme Josiane Balasko, Guy Bedos et Albert Jacquard, sur fond de slogans scandés par la foule ("Solidarité avec les mal logés" ou "Mal logés en colère, y en a marre de la galère") et de chants de Noël.

"Nous sommes là pour dire que malheureusement ce n'est pas Noël pour tout le monde, les enfants, les mal logés et les sans-abris", a déclaré Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du Dal. "Au lieu d'aider les riches, il faudrait aider ceux qui souffrent et appliquer la loi Dalo (droit au logement opposable, ndlr) et la loi de réquisition" de logements vides, a-t-il ajouté.

Le Dal a investi dès le début d'après-midi le trottoir faisant face au ministère du Logement, boulevard Saint-Germain, décoré pour l'occasion de banderoles, de maisonnettes jaunes en carton et d'un sapin de Noël, et a distribué aux enfants des cadeaux et des biscuits.

http://www.humanite.fr/25_12_2010-noël-des-sans-logis-devant-le-ministère-du-logement-460812

A la louche

Étrangement, cette année, la gueule de bois tombe un peu avant les fêtes.

"En ce moment, je fais comme tout le monde : je mange ma merde", a déclaré une amie qui s'exprime généralement avec bien plus de précautions langagières.

Manger sa merde, en cette fin d'année, c’est rester dans un job pourri et fermer soigneusement sa gueule en espérant que la tempête passera au large. C’est faire semblant de ne pas voir les coups de sabre répétés contre le Code du travail, les salaires qui font, au mieux, du surplace et la balkanisation totale du monde du travail, où chacun tente de sauver sa peau, quitte à marcher sur le voisin.

On pourrait se dire qu’on est à 2 000 lieues de l’ambiance de franche fraternité qui avait éclos à l’ombre des piquets de grève de cet automne, mais en fait, on est en plein dedans, on paie cash la facture de la solidarité à deux balles. C’était bien sympa de savoir de les 3/4 des Français soutenaient le mouvement contre la réforme, que dis-je, le dynamitage en règle de nos retraites, mais dans les faits, ce que les gens soutenaient, c’est l’idée qu’une bande d’excités allaient se peler les miches, se manger le tonfa, se faire des soirées pâtes à l’eau à leur place tout en sauvant une certaine idée de la sécurité contre la rapacité du patronat financiarisé. La révolution par procuration, en gardant les arpions bien au chaud et en ne compromettant pas ses chances de promotion carriériste, maintenant, on en a la confirmation : ça ne mène nulle part.

Résultat des opérations : c’est 100 % des salariés qui l’ont franchement dans le cul et un patronat avide qui fonce à tombeau ouvert sur l’autoroute de la dérégulation sociale en klaxonnant. Parce qu’on avait, par contre, tous bien compris que l’enjeu des luttes de l’automne dépassait de très loin la simple question comptable de savoir de combien on serait tous plus miséreux au moment où nous ne pourrions plus arquer au boulot. On le savait et on a été petits joueurs. On le savait et maintenant, on bouffe tous notre merde. Dans de grands bols. Pleins à ras bord.

Ces derniers jours, j’ai entendu les médias bruisser de murmures annonçant le début de la reprise. J’aime bien ce refrain. On nous le balance au moins une fois par mois, histoire de voir si cette fois-ci, la mayo va prendre. En vérité, ce n’est pas exactement ce que l’on voit sur le terrain, là où les vrais gens vivent et en bavent, jour après jour. Le meilleur indicateur du contraire, c’est quand les fier-à-bras ont cessé de se la péter et ont sorti la cuillère à soupe de leur poche arrière. Mais si, vous en connaissez tous, de ces gens, pas spécialement plus méchants ou crétins que les autres, mais qui ont toujours fanfaronné qu’eux, ils savent qu’ils retrouveront toujours du taff, qu’il suffit de "ne pas faire son difficile", que "quand on veut, on peut", que si on les fait chier au boulot, il leur suffit de passer 3 coups de fil et c’est plié, ils gagnent leur croûte ailleurs. Le chômage, la peur du lendemain, ils ne connaissent pas, ce sont des fonceurs, des bosseurs, des acharnés, rien ne leur résiste et personne ne se met en travers de leur chemin.
Et bien, les fier-à-bras, ces derniers temps, ils ont sorti la cuillère à long manche et leur pince à linge, ils ont un peu fait la grimace et ils se sont mis au grand plat de merde comme les copains. Parce que même eux ont bien compris que quand la musique s’arrête, mieux vaut être assis sur un tapis à clous, que le cul entre deux chaises. Ils ont compris que même si ton boulot est pourri, que ton patron a une tête de con, que ton salaire est en peau de chagrin et tes collègues de fieffés connards, des balances, des lâcheurs et des faux jetons, même si tu dois te gaver d’antidépresseurs pour continuer à te lever le matin, c’est quand même mieux que de te retrouver sans rien, parce que le rien, ce n’est plus une transition, un état provisoire, mais c’est un gouffre immonde d'où tu pourrais bien ne plus jamais ressortir.

Donc tout le monde bouffe sa merde et attend.
Certains, faut bien le dire, n’attendent plus rien et n’espèrent plus grand-chose de leur vie. Juste que ça n’empire pas plus que ça. Tout en ayant bien conscience que si, ça y est, on a bien compris, ça ne peut qu’aller de mal en pis. Les boîtes se cassent la gueule. Celles qui tiennent le choc le font en serrant la vis à triple tour. Les seuls qui s’en sortent encore pas trop mal, ce sont les collabos, les salopards, les égoïstes, les sans scrupules, les exploiteurs, les filous, les trous du cul, ceux qui, quoi qu’il arrive, sont toujours prêts à vendre leur mère contre le premier plat de lentilles venu. Autant dire que ce n’est pas la peine de se bousculer dans la file d’attente, cette fois-ci, de la merde, y en aura pour tout le monde, avec même du rab’ pour les plus gourmands.

Et puis, il y a les indécrottables optimistes. Qui pensent vraiment que les exploiteurs, on va se les faire en 2012, en votant utile.
Là, je ne sais pas quoi dire.
En tout cas, rien de plus que je n'ai déjà dit et rabâché.
Est-ce que l’on n’apprend jamais de l’expérience passée ?
Ou est-ce qu’on préfère se raconter des histoires pour ne pas voir arriver le tsunami de merde que certains nous préparent sans même trop de finesse et de doigté ? Franchement, entre la remise en selle de la fille Le Pen et l’inflation sondagiaire ridicule autour de DSK, l’envoyé spécial du MEDEF au FMI, la ficelle est tellement grosse qu’avec on pourrait renflouer le Titanic et le tracter jusqu’à la Lune.

Je ne crois pas aux hommes (ni aux femmes, d’ailleurs) providentiels. Je ne crois pas que le salut puisse être naturellement sécrété par le système qui nous broie depuis des années. Je ne crois pas qu’en se la jouant profil bas, chacun dans notre coin, on aura la moindre chance d’améliorer notre condition.

Je crois seulement qu’à force de bouffer notre merde, on a juste tendance à bien puer de la gueule.

Je crois que tant que nous n’aurons pas pris conscience que notre droit à vivre dignement n’est jamais acquis et que nous devons le défendre nous-mêmes, chaque jour et tous ensemble, nous n’aurons que des lendemains qui déchantent à offrir à nos enfants.
Je crois que nous avons été assez près, cet automne, de retourner la machine à broyer à notre profit, au profit du plus grand nombre contre celui, monstrueux et exorbitant de quelques-uns.
Je crois qu’il nous faudra prendre conscience que notre force réside dans notre capacité à nous révolter et à unir nos indignations contre ceux qui exploitent sans vergogne nos peurs et nos renoncements.
Je crois qu’il nous faudra lutter d’abord contre nous-mêmes, contre notre résignation imbécile pour retrouver le goût du combat et l’envie du progrès social.

En attendant cette illumination, vous pouvez toujours sortir vos louches, les gars !

Par Agnès Maillardhttp://blog.monolecte.fr/post/2010/12/19/A-la-louche

http://sarkofrance.wordpress.com/2010/12/22/manger-sa-merde/