Ce collectif autunois a été crée le 22 Octobre 2010 par des autunois qui sont des syndicalistes, des personnes oeuvrant socialement ou de simples citoyens.Le but de ce collectif est de ne plus laisser une poignée de nos dirigeants supprimer nos acquis sociaux.C'est aussi refuser de supprimer à court terme notre système de retraite par répartition et de le livrer à la capitalisation.

Bref, vous l'aurez compris, c'est un collectif de résistance au système capitaliste.

mardi 11 janvier 2011

Les affameurs


Des émeutes de la faim éclatent régulièrement dans des pays du Sud subissant les effets d’un monde injuste.

Quand un monde est régi par la loi du profit de la minorité et l’appauvrissement du plus grand nombre, au point que l’on spécule sur des produits alimentaires de base, comment peut-on accepter de s’en accommoder ? L’Europe a connu dans le passé des disettes et des famines ; la hausse du prix de pain pouvait être un élément déclencheur de révolutions. Le peuple de Paris ne se rendit-il pas à Versailles pour y quérir « le boulanger et la boulangère » en 1789 ? Mais aujourd’hui, si l’angoisse de l’estomac vide provoque toujours des explosions de colère, la cause de la hausse des prix des denrées s’est sensiblement modifiée.

À New York, à Londres ou à Paris, on joue au Monopoly avec la vie des enfants d’Algérie, en achetant des quintaux de blé ou des barils de pétrole quand les prix sont bas et les revendant quand le cours monte. Rumeurs et chuchotements sur le thème de la pénurie suffisent à gonfler artificiellement les prix. J’achète, je vends, j’empoche et pendant ce temps-là à Bab El-Oued, le lait devient inaccessible pour les familles modestes.

À ce triste jeu, tout le monde est perdant, à l’exception des grands groupes agroalimentaires et des affameurs de la spéculation. Faut-il y voir l’effet de la fatalité, des imprévisibles caprices du climat ? Évidemment non, le monde a les moyens de maîtriser l’approvisionnement des denrées de base (céréales, sucre, huile, etc.) par la constitution de stocks, ce qui tarirait la source de la spéculation. On pourrait alors parler à bon droit de communauté internationale, de gestion commune de biens communs. Mais déjà s’inscrire dans une démarche communiste, à l’opposé du dogme libéral selon lequel la finalité de toute décision économique se résume au profit immédiat.

Les émeutes de la faim, qui secouent régulièrement des pays subissant de plein fouet les effets de la crise et de l’iniquité des rapports entre Nord et Sud, attirent l’attention du monde par intermittence. Et l’on nous ressert la fable de la moralisation du capitalisme, si chère à Nicolas Sarkozy. Depuis 2008, que le G20 existe, qui pourrait citer une décision quelque peu concrète pour corriger l’injustice de l’ordre mondial ? Quant au FMI que préside Dominique Strauss-Kahn, en quoi se différencie-t-il du FMI présidé auparavant par Rodrigo Rato ? À la vérité, l’heure n’est plus de vouloir corriger à la marge un système mondial intrinsèquement injuste, il s’agit de le transformer.

La crise spéculative tend à déstabiliser des gouvernements. Ce n’est pas la première fois que le peuple algérien exprime son exaspération à des dirigeants accusés de ne pas répartir équitablement dans la société les richesses produites par l’exploitation pétrolière et gazière… En revanche, la Tunisie voit la chape de plomb de la dictature de Ben Ali se lézarder, en dépit du silence des médias aux ordres. Le meilleur ami de Nicolas Sarkozy dans le Maghreb, chef d’un régime policier efficacement redoutable et économiquement libéral, voit se dresser contre lui ouvriers, étudiants, avocats, tout un peuple qui n’a pas compris que « l’espace de liberté progresse en Tunisie », phrase prononcée il y a deux ans déjà par Nicolas Sarkozy.

Jean-Paul Piérot  http://www.humanite.fr/07_01_2011-les-affameurs-461827

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