En pleine offensive commerciale de la SNCF à l'appproche des fêtes, le secrétaire d'Etat aux Transports Thierry Mariani a pris le risque d'une nouvelle controverse sur le tarif des billets de trains en prônant samedi une hausse "raisonnable" pour financer l'entretien des lignes.
"Je suis favorable à une position équilibrée où l'usager paye en fonction de l'inflation, une augmentation tout à fait raisonnable", a déclaré M. Mariani sur Europe 1. Cette hausse, dont il n'a pas chiffré la proportion, compenserait en partie l'augmentation des droits de péage payés par la SNCF au gestionnaire public des voies Réseau ferré de France (RFF) pour faire circuler ses trains. "Ne pas augmenter les droits de péage, ça veut dire que ce serait le contribuable qui subventionnerait (seul) l'entretien" des lignes, a argumenté M. Mariani.
Pour le syndicat SUD-Rail, le gouvernement «se défausse de sa responsabilité. Ce sont toujours les pouvoirs publics qui ont payé les infrastructures. Cet investissement lourd ne peut être que public, pour garantir le droit aux transports à un coût abordable», poursuit le syndicat.
"C'est affolant", a dénoncé Reine-Claude Mader, présidente de l'association de défense des consommateurs CLCV. "Qui dit hausse des droits de péage dit hausse des tarifs de la SNCF", fustige-t-elle, réclamant à la place un "plan d'investissement pérenne pour l'entretien des voies".
Selon une source proche du dossier, la seule répercussion des frais de circulation de la SNCF sur les tarifs pour les voyageurs ne sera "pas suffisante" pour entretenir le réseau français, tant les lignes sont dans un état alarmant. RFF a mis en garde cette semaine contre la menace d'obsolescence d'une bonne partie du réseau à plus ou moins long terme, faute de crédits: même certaines lignes empruntées par les trains vedettes TGV ne sont pas épargnées. Le réseau ferré français est long d'un peu plus de 29.000 km de lignes, dont 10% ne voient passer que 10% des trains. Le coût total de son entretien est estimé à environ 6,5 milliards d'euros par an. Mais le financement de cette somme n'est pour l'instant assuré qu'à 83% (50% par la SNCF, 33% par des subventions publiques), selon RFF. Le gouvernement, austérité oblige, a déjà exclu d'augmenter sa dotation au gestionnaire.
Une autre solution, consistant à réduire la capacité du réseau, a déjà aussi plus ou moins été écartée car elle implique de fermer des lignes déficitaires, notamment des "petites lignes" qui ne voient passer que quelques trains par jour et dont quelque 4.000 km de voies doivent être rénovées après 2015. Dans cette perspective, le gouvernement a concédé fin octobre à la SNCF la possibilité de fixer plus librement les tarifs de ses TGV. En contrepartie, l'entreprise s'est engagée à financer ces liaisons qui lui font perdre de l'argent, mais qu'elle est tenue d'assurer au nom du service public. "Si dans les cinq ans qui viennent, on n'a pas atteint les 100% de nos coûts complets, on aura peut-être, d'ici 2020, environ 20% du réseau en difficulté", prévient Hubert du Mesnil, président de RFF.
Les déclarations de M. Mariani tombent mal pour la SNCF, qui a souvent renâclé chaque fois qu'il s'est agi d'accroître les droits de péage de peur de compromettre son équilibre économique. Elles surviennent en outre au moment où la société s'apprête à lancer une vaste opération séduction auprès des voyageurs avec un million de billets TGV à 17 euros l'unité entre le 17 décembre et le 3 janvier. Objectif: montrer que ses prix ne sont pas prohibitifs, contrairement à ce qu'affirment les associations des consommateurs.
http://www.humanite.fr/06_12_2010-vers-une-hausse-des-billets-de-train-459375
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire