LE MULOT ET LA GRUE
Un Mulot régnait seul sur un grand territoire
Et avait sous ses ordres une bande de Rats ;
En petit roitelet à tous il faisait croire
Qu’avec lui c’était sûr, fini les embarras.
Ses ancêtres venus d’au delà des frontières
Avaient posé valises et s’étaient reproduits
Dans l’accueillant pays aux valeurs si altières
Qu’il s’empressa d’ailleurs de jeter dans le puits.
Il n’avait jamais eu le sens du ridicule,
Tracas et trahison émaillaient son action.
De son nom il avait ôté la particule
Pour endormir le peuple le temps d’une élection.
De son nouveau statut il avait haute estime,
Adulé des plus riches il le leur rendait bien.
Comme tout parvenu il tutoyait les cimes
Et de sa propre image prenait le plus grand soin.
L’animal complexé par sa petite taille,
Avait cherché partout un bon faire valoir.
Sa vie sentimentale séduisant la piétaille
Dans la presse poeple saturait les miroirs.
Abandonnant soudain son ancienne compagne,
Qu’il trouvait défraîchie pour son nouveau statut,
Avec fièvre il chercha dans toute la campagne
L’oiseau rare qui pourrait assurer son salut.
Son intérêt porta sur une grue frivole
Qui voletait partout, allait de nid en nid,
Fréquentait des milieux où l’on se carambole
Sans parler des médias et des boîtes de nuit.
Seul un os demeurait : un gros manque de taille
L’échassier haut sur pattes dépassait le Mulot
Et forçait le rongeur à livrer la bataille
Du petit qui désire obtenir le gros lot.
Hollywood remplaça hélas la République.
Le glamour supplanta l’essentiel des valeurs.
Le couple disparate ouvrit grande boutique
Sans même du ridicule avoir la moindre peur.
Et il en est ainsi avec les ambitieux,
Dans une basse-cour emplie de gens avides,
Si un coquelet croit être l’égal des dieux,
Chacun dans le pays se montrera cupide.
Décembre 2010 La Belette
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article111569
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