Ce collectif autunois a été crée le 22 Octobre 2010 par des autunois qui sont des syndicalistes, des personnes oeuvrant socialement ou de simples citoyens.Le but de ce collectif est de ne plus laisser une poignée de nos dirigeants supprimer nos acquis sociaux.C'est aussi refuser de supprimer à court terme notre système de retraite par répartition et de le livrer à la capitalisation.
Bref, vous l'aurez compris, c'est un collectif de résistance au système capitaliste.
dimanche 31 octobre 2010
Quand la retraite angoisse les jeunes Français
Un long ado à la chevelure bouclée brandit une pancarte: «60 ans, ça suffit!» Il n’est pas le seul. Au moins 20 000 lycéens et étudiants ont participé, mardi, au cortège parisien contre la réforme des retraites. Pourquoi, diantre, ces filles et garçons de 15 ans se soucient-ils d’une échéance qui tombera dans 45 ans, ou plutôt… 47 ans?
C’est bien une question de soixante-huitard, ça! Les jeunes de cette époque se mobilisaient contre la dictature de Franco et la guerre au Vietnam. La contestation mondialisée était un luxe qu’ils pouvaient s’offrir. Les dirigeants d’entreprise faisaient la queue devant l’Université ou les écoles techniques pour s’arracher les diplômés. Et même ceux qui avaient échoué aux examens retombaient sur leurs pattes. L’économie avait soif de bras et de cerveaux. Les étudiants d’alors avaient l’embarras du choix. En France, ceux d’aujourd’hui, n’ont plus d’autre choix que l’embarras. Alors que l’économie s’est mondialisée, leur contestation vise désormais le quotidien et la proximité.
25% des jeunes adultes touchent des allocations de chômage. Ce taux d’inactivité est sans doute encore plus élevé, tous n’ayant pu s’inscrire dans les Pôles Emploi. Afin de garnir leur curriculum vitae, ils enchaînent les stages non-rémunérés en entreprise où ils sont taillables, corvéables et jetables. Et de stage en stage, l’espoir d’être engagé diminue.
C’est ainsi que de nombreuses familles continuent à héberger leur rejeton de 27 ans, bardé de diplômes universitaires. Décrocher un travail à la hauteur de cette formation tient de la loterie. Et si la diplômée — les jeunes filles sont encore plus mal loties — postule un emploi subalterne, l’employeur la renverra avec ces mots: «Désolé, mais vous êtes surdiplômée pour ce poste.» Nul besoin d’avoir décroché un master de sociologie pour faire caissière. En regagnant son domicile, la chômeuse surdiplômée ou le chômeur surformé enragera peut-être en voyant son copain de bac à sable frimer avec sa nouvelle Audi, achetée à la sueur de ses ventes d’herbe qui font rêver. Pour ceux-là, le «bizness» tourne à plein régime.
La réforme des retraites est devenue le symbole de cette impression de «déglingue» du présent et de l’avenir qui accable une grande partie des jeunes. Les engager à travailler plus longtemps alors qu’ils vont se casser le nez sur le mur de l’emploi est perçu par ces manifestants juvéniles comme une provocation, voire une absurdité. Cette situation n’atteint pas que les catégories les plus défavorisées. L’insidieuse paupérisation franchit l’un après l’autre les barreaux de l’échelle sociale. Les classes moyennes en sont de plus en plus affectées. Dès lors, contrairement aux «paroles verbales» du premier ministre François Fillon qui accusaient les socialistes de pousser lycéens et étudiants à la rue, ceux-ci n’ont nul besoin d’un appel du PS — dont ils se moquent comme de leur première console Nintendo — pour crier leur angoise.
Et ce mal-être de la jeunesse française ne s’éteindra pas avec la fin des manifs antiréformes.
(Ce texte est paru jeudi 14 octobre 2010 en rubrique "Perspective" de la Tribune de Genève et "Réflexion" de 24 Heures.)
Jean-Noël Cuénod
Un plouc chez les bobos
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