Ce collectif autunois a été crée le 22 Octobre 2010 par des autunois qui sont des syndicalistes, des personnes oeuvrant socialement ou de simples citoyens.Le but de ce collectif est de ne plus laisser une poignée de nos dirigeants supprimer nos acquis sociaux.C'est aussi refuser de supprimer à court terme notre système de retraite par répartition et de le livrer à la capitalisation.

Bref, vous l'aurez compris, c'est un collectif de résistance au système capitaliste.

vendredi 29 octobre 2010

Ah Monsieur le député, que j’ai de l’admiration pour vous !

Ah Monsieur le député, que j’ai de l’admiration pour vous !

Je vous entendais l’autre midi (jeudi 28, je crois), au micro d’Europe1. Et, Monsieur, de contempler l’admirable monument de bonne conscience que vous aviez bien voulu, magnanimement, et certainement n’écoutant que votre devoir, votre modestie dût-elle en souffrir, offrir à nos oreilles émerveillées, j’ai senti comme une ferveur – presque religieuse – monter en moi.

C’est vrai, dans le tréfonds social où nous nous activons, à vider vos poubelles, remplir vos réservoirs, nettoyer vos escaliers, fabriquer ces machins et ces machines mécaniques et technologiques que le monde entier nous envie et nous achète, cultiver le blé et les champignons de Paris, etc, que voyons-nous autour de nous ? Des parasites, Monsieur ! Des besogneux, comme moi, mais incapables d’apprécier le privilège qu’ils ont, de recevoir des 1100 ou 1300 € par mois pour leurs infimes besognes, ou de pouvoir, à 63 ou 67 ans (la fleur de la jeunesse), se rouler dans la paresse nantis de leurs pensions (si coûteuses pour l’Etat que vous gérez si admirablement ) à 900 € par mois ! Quel triste spectacle…

Tandis que vous, Monsieur le député ! Avec une abnégation sans faille, vous travaillez parfois même jusqu’à 60 heures/semaine, dévoué corps et âme au bien de ce pays, à travers votre mandat parlementaire et vos … combien, déjà ? … 3 ou 4 mandats régionaux et locaux. Vous n’avez en tête que notre sécurité : celle de notre santé, en nous faisant travailler plus (le travail c’est la santé), et de nos retraites de ce même fait, que vous sécurisez en les raccourcissant, cela n’est-il pas merveilleux ; et la sécurité de nos rues, grâce aux pandores que vous y envoyez faire peur à nos gamins ; et même celle de notre prospérité nationale, grâce aux efforts inouïs que vous déployez pour retenir tous ces riches, dont nous avons tellement besoin, et qui sans tous les cadeaux que vous leur faites en notre nom prendraient la fuite.

Oh, bien sûr, la sécurité de nos emplois et de nos logements, ce n’est pas de votre ressort, aussi comment vous en vouloir si nos efforts à nous sont trop maigres pour nous les assurer ? Vous ne pouvez pas tout faire, quand même…

Et tout ça, pour quoi ? Vous n’avez qu’un job précaire – 5 ans de mandat, un CDD, quoi. Après, si des électeurs versatiles vous rejettent (les ingrats !), c’est la rue. Enfin, pas vraiment, quand même, puisque vous retrouveriez votre poste de fonctionnaire d’Etat . Une paie tout juste à la hauteur de vos mérites – 5000 € par mois, multipliés il est vrai jusqu’à 1,4 fois au maximum, si vous exercez plusieurs mandats, soit jusqu’à 7000 €. Et, pour l’avenir, une modeste pension (1500 € par mois, si j’ai bien suivi) qu’il vous faudra quand même 10 ans de cotisation pour valider, ou 5 ans, mais seulement en cotisant double. Et qui s’ajoutera, c’est le moins, à votre pension de fonctionnaire. Ah oui, vous êtes bien admirable, vraiment – surtout si l’on pense aux conditions pénibles de votre travail, obligé, dans des locaux vétustes surchargés d’or et de velours pourpre, de ratifier des lois que vous n’avez pas lues, pas discutées, pas comprises, sous la pression de vos supérieurs hiérarchiques et les huées de la vile plèbe !

Trêve de plaisanterie. Pour qui nous prenez-vous, petit Monsieur, à venir ainsi nous narguer avec votre feinte modestie et votre dévouement à 5000 balles ?

Ah vraiment, vous les méritez vos « indemnités » ? C’est vous, Monsieur, qui faites les lois de ce pays, et je suis fort aise, à vous entendre, de découvrir que nos législateurs ont le souci de faire correspondre leurs salaires à leurs mérites. Plus de la moitié de la population travailleuse et des retraités de ce pays n’ont pas le quart de cela. Sans parler des chômeurs. Comme les niveaux minimum des salaires, pensions et allocations sont du ressort de la loi, j’en déduis que, dans votre sagesse législative, vous considérez que les smicards, retraités et Rmistes ne « méritent », eux aussi, que ce qu’ils reçoivent. Et comme les taux d’imposition sont aussi du ressort de la loi, j’en conclus que les Bettencourt, les Bouygues et autres « méritent » de tirer de la richesse que nous fabriquons plusieurs centaines ou milliers de fois plus que ce qu’en reçoit le smicard de base. On ne peut dire plus simplement son mépris du peuple.

Ah vraiment, vous exercez un métier précaire, sans sécurité d’emploi, et ceci justifie le confort de vos « indemnités » ? Monsieur, vous souillez le sens de vos fonctions en en faisant une profession, vous et vos semblables. Et de surcroît, si vous appliquiez le principe de l’égalité devant la loi, que ne vous empressez-vous de voter une loi qui oblige les employeurs à rémunérer à un double salaire tous les contrats précaires – CDD, intérim, et autres sous-statuts, où la durée du contrat est le plus souvent encore bien inférieure à vos 5 années de législature ? (et sans perte de cotisations sociales, bien sûr !). Eux aussi, ils sont exposés au risque de se retrouver sans emploi – et sans parachute, en plus.

Ah vraiment, vous travaillez jusqu’à 60 heures/semaine, en empilant les mandats ? Faut-il vous en louer ? Croyez-vous être les seuls ? Et notre pays s’en porterait-il plus mal, si au lieu d’être monopolisés par une infime coterie de commensaux omniprésents, les fonctions représentatives étaient largement réparties entre des citoyens ordinaires ?

Ah vraiment, le niveau de vos rémunérations est la condition pour attirer dans la vie politique autre chose qu’une poignée de riches n’ayant pas besoin d’y trouver un revenu ? Certes, défrayer nos représentants pour le temps qu’ils passent à œuvrer dans l’intérêt commun est une bonne chose – à condition qu’ils ne cultivent pas l’absentéisme, comme certains de vos collègues n’ont que trop tendance à le faire, si j’en crois les séances parlementaires parfois visibles à la télé. Mais pas à un niveau supérieur à un honnête salaire moyen. Payer 5000 ou 7000 € par mois, c’est offrir une prime à la vénalité et une occasion d’enrichissement (modeste peut-être, si on la compare à la fortune Bettencourt) qui vous écarte sûrement de ceux que vous êtes censés représenter. Il faut payer grassement les élus pour leur éviter les tentations de la corruption ? Que cette objection, souvent entendue, trahit bien vos mentalités !

A vous entendre, Monsieur, je comprends bien que vous faites partie d’une humanité qui n’est pas même que la mienne. Il y a ceux qui sont dans les salons (c’est vous), et puis ceux qui sont dehors (c’est nous). Vous n’êtes pas notre représentant, Monsieur, vous n’êtes que le représentant, auprès de nous, de nos maîtres.

Et finalement, je ne vous admire pas.
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Commentaires de l'article
Joliment tourné, camarade ! La caste qui prétend nous gouverner pourrait y puiser des leçons de style... Tu as exprimé avec beaucoup d’élégance la rage que nous inspire ces petits marquis qui croient faire "peuple" en massacrant la syntaxe, affirmant de la sorte leur mépris pour la plèbe, sans doute incapable à leurs yeux de comprendre une phrase correctement construite.

Il y aurait beaucoup à dire sur la barbarie que résume l’inculture et la vulgarité des représentants de la bourgeoisie contemporaine : les Bush, Berlusconi et le nouveau "Napoléon le Petit". C’est une sorte de condensé de ce qu’est cette classe : une couche de parasites qui ne peuvent mener l’humanité qu’à la ruine et à la déchéance.

La bourgeoisie est malade, achevons-la !
Bellaciao
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article109629  

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